L’Opéra national de Lorraine accueille la très belle mise en scène signée Denis Podalydès du rare Fortunio de Messager.
Celui qui connaît encore André Messager (1853-1929) le résume souvent à un compositeur de “musique légère” dont Véronique serait l’archétype. Fortunio nous invite à reconsidérer l’affaire : opéra de 1907 ressuscité en 2009 par Denis Podalydès, il accorde cette futilité à une réelle profondeur. Adaptée du Chandelier de Musset, cette histoire a quelques atours du boulevard : cédant aux avances d’un militaire, l’épouse d’un vieux notaire décide de manipuler un jeune clerc naïf pour détourner l’attention du cocu. Le gamin est néanmoins follement épris de la dame volage…
Le metteur en scène, qui a beaucoup pratiqué l’auteur de Lorenzaccio – notamment sous la férule de Jean-Pierre Vincent au Conservatoire –, le rapproche néanmoins des « romantiques allemands », l’éloignant « de la tradition française d’un Musset purement spirituel, aimable, sorte de sous-Marivaux. » C’est ce mélange de mélancolie et de folie que l’on retrouve dans une mise en scène intensément précise, servie par des costumes de Christian Lacroix où les officiers portent pantalon garance et les belles, chapeaux à plumes.
À l’Opéra national de Lorraine (Nancy) du 24 au 30 avril
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