Fortes têtes
Les chansons à boire alternatives des Têtes Raides fêtent leurs 30 ans. Entretien avec Christian Olivier, chanteur à la voix de clopeur qui a « encore des choses à dire ».
Vous êtes conviés à jouer en clôture du festival d’Avignon. Expliquez-vous cette invitation parce que Têtes Raides dépasse les limites de l’univers strictement musical ?
C’est un choix de la nouvelle direction : Olivier Py désire ouvrir le festival à d’autres esthétiques. Notre musique a souvent été accompagnée de danse, de cirque ou de cinéma. Pour Corps de mots, spectacle présenté dans la cour d’Honneur (dimanche 27 juillet, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, NDLR), la musique est mise au service de textes d’auteurs (Rimbaud, Artaud ou Soupault). Avignon est une étape importante dans le parcours de Têtes Raides, mais même nos concerts dans les bars ont une dimension théâtrale.
Olivier Py a menacé de quitter Avignon si le candidat FN était élu : est-ce la bonne attitude (notre entretien a eu lieu entre les deux tours des élections municipales, NDLR) ?
Je ne crois pas à son élection, mais je pense qu’il faut occuper le terrain plutôt que fuir. C’est quand on est dans le ventre de la bête qu’on arrive mieux à travailler.
On vous classe volontiers au rayon “chanson réaliste”, mais vos influences sont punk au départ et votre premier album s’intitule Not dead but bien raides (1989) !
De par son énergie, sa révolte, Têtes Raides vient de là, mais aussi de pas mal d’autres endroits. On peut faire du punk avec une guitare acoustique comme l’a montré Brassens ! Au début, on faisait du rock avec des moufles car nous ne savions pas jouer, de la chanson française à la manière des Stones ou des Clash.
Considérez-vous votre dernier album, Les Terriens, comme un tournant artistique ?
Oui, il marque quelque chose. Nous voulions que les cuivres et les cordes laissent de la place à la guitare électrique.
Sur Des silences, vous chantez : « Comme chaque matin […] je refais l’inventaire de tout ce qui est et qui va m’arriver » Pour notre dernière question, faisons le bilan : comment percevez-vous l’histoire et envisagez-vous le futur du groupe ?
C’est une machine qui est en marche. Sur scène, nous continuons à jouer Ginette, morceau de notre premier album. Nous sommes toujours en mouvement, mais l’âme du groupe ne bouge pas. Certains trouvent que ça part dans tous les sens : c’est parce qu’on ne se refuse rien. Nous sommes animés par une véritable opiniâtreté et au bout de trente ans, je ne sais toujours pas si je fais un “métier”… Je considère que j’ai encore des choses à dire : quand ça ne sera plus le cas, j’irai vendre des pizzas !
03 83 51 80 00 À Schiltigheim, à la Salle des Fêtes, samedi 17 mai 03 88 83 03 28 À Audincourt, à La Filature – Espace Japy, dimanche 29 juin, dans le cadre du festival Rencontres & Racines (du 27 au 29 juin, avec Danakil, Ayo, Staff Benda Bilili ou Anthony Joseph) 03 81 36 37 79 rencontres-et-racines.audincourt.com À Dijon, au Zénith, vendredi 11 juillet, dans le cadre du festival Oeno Music Festival (avec Winston McAnuff & Fixi, Morcheeba…) Les Terriens, édité par Tôt ou Tard