Le salaire de la peur : Anna Bernreitner met en scène la Flûte enchantée
Pour Anna Bernreitner, la peur donne son unité à La Flûte enchantée : Zoom sur sa mise en scène de l’opéra de Mozart, à Nancy.
Récit initiatique aux accents maçonniques, fable fantastique ou encore conte populaire : la richesse des interprétations possibles de La Flûte enchantée semble inépuisable. Fondatrice d’Oper Rund Um (dont la vocation est de mener l’art lyrique dans des lieux atypiques : piscine, serre tropicale, etc.), Anna Bernreitner y voit une œuvre dont le fil rouge est la peur. Pour cette étoile montante de la mise en scène, elle est partout. « Peur du serpent qui menace Tamino dès le lever de rideau, peur de se retrouver perdu dans un pays étranger, peur d’être rejeté par une communauté, peur d’être abandonné par sa mère, peur de la mort… » Dans un décor évoquant une fête foraine, où la perception est troublée, puisqu’abondent illusions d’optique et autres jeux entre deux et trois dimensions, le sentiment connaît moult avatars. Des yeux apparaissent soudainement, certains arbres se métamorphosent en monstres, des ombres cauchemardesques sont projetées… Métaphore du passage à l’âge adulte, la quête de Pamina et Tamino fait alors écho à la transformation d’un ordre oppressif fondé sur la crainte. Tous deux « incarnent une nouvelle génération qui ouvre la possibilité d’une société nouvelle ».
À l’Opéra national de Lorraine (Nancy) du 17 au 28 décembre
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