Le chant des possibles : 38e édition du festival Musique Action

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Fidèle à son ADN plein d’audace, la 38e édition du festival Musique Action démultiplie les dialogues entre les arts pour réinventer nos manières d’entendre et de voir.

Rarement le Centre culturel André Malraux aura proposé, pour son désormais traditionnel et attendu festival de création sonore, une telle diversité de formes et d’approches. Après des années empêchées, le désir des artistes d’« imaginer de nouvelles géométries du commun » semble plus impétueux que jamais ! « On sent une volonté généralisée chez les acteurs de la musique dite savante d’aller voir ailleurs, d’échafauder des expériences passant par d’autres canaux », confie Olivier Perry, directeur du CCAM. « Le temps du cloisonnement entre les chapelles esthétiques est révolu. Nous sommes à une époque où les cultures savantes et mainstream se mêlent sans arrêt, sans que cela ne pose problème au public. » Ainsi les spectateurs-auditeurs pourront-ils par exemple assister au truculent désossage, par les complices Fanny de Chaillé et Sarah Murcia, d’un album iconique de l’histoire du rock, Transformer de Lou Reed (24/05, CCAM). Avec pour seules armes la voix théâtrale de l’une et la virtuose contrebasse de l’autre, elles se réapproprient ce classique populaire – dont chacun a en tête quelques airs – avec une liberté jouissive et un total irrespect. Just a Perfect Day, comme vous ne l’avez jamais entendu !

Autre temps fort de la programmation, le sonneur de cornemuse écossaise Erwan Keravec (23/05, CCAM) qui, à coups de collaborations avec des compositeurs contemporains de haut vol (de Philip Glass à Ōtomo Yoshihide, dont il interprétera la pièce Walk on by), constitue années après années un répertoire de musique ultra actuelle pour les instruments traditionnels de son breton quatuor (biniou kozh, bombarde et trélombarde).

Dans un registre tout différent, eRikm et l’ensemble Dedalus ont imaginé, à base d’enregistrements de batraciens, chauves-souris et autres cétacés de l’Antarctique, une sorte de Fata Morgana acoustique, mirage auditif permettant de rendre accessible à l’oreille humaine l’ensemble des spectres sonores (25/05, CCAM). Et puis, il y a tous ces créateurs qui, de plus en plus, ont envie de dépasser le format du concert, imaginant d’autres expériences acousmatiques possibles. C’est notamment le cas d’Hervé Birolini avec Hidden Artikulation (24/05, CCAM), sorte d’ovni multimédia basé sur l’une des toutes premières compositions électroniques de l’histoire, imaginée par György Ligeti en 1958 et transcrite douze ans plus tard par le musicologue Rainer Wehinger sous la forme d’une étrange partition graphique. Sans parler des investigations du sculpteur des ondes David Merlo, qui présentera Phase (tous les jours à partir de 18h, CCAM), à la fois installation et performance artistique faisant d’une basse électrique le réceptacle de nos vibrations déambulatoires.


Au Centre culturel André Malraux et à la salle Michel Dinet (Vandœuvre-lès-Nancy), mais aussi à la MJC Lillebonne (Nancy) du 23 au 28 mai
centremalraux.com

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