Extases pascales
Pour la deuxième année, le Philharmonique de Berlin, souvent considéré comme le meilleur orchestre de la planète, investit Baden-Baden à l’occasion des Osterfestspiele, un événement de classe mondiale proposant un programme dense et scintillant.
Des banderoles dans toute la ville d’eaux allemande proclamant « Willkommen zu Hause » (Bienvenue à la maison) : l’année passée, Baden-Baden était en ébullition pour le “retour” du Philharmonique de Berlin en Allemagne, lui qui jouait traditionnellement à Salzbourg à cette période, depuis 1967. Des spectateurs enthousiastes (record de standing ovations battu), une atmosphère électrique et un niveau stratosphérique : voilà ce qu’on peut s’attendre à retrouver avec un programme dont le point d’orgue est une nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini (12, 16 et 21 avril) dirigée par Sir Simon Rattle. En s’emparant du livre de l’abbé Prévost, le compositeur italien ouvrit toutes grandes les portes de l’opéra moderne, proposant une explosion de sentiments jamais vue auparavant. L’histoire est celle des amours complexes – avec leur fin tragique – de Manon (interprétée par la merveilleuse Eva-Maria Westbroek) et du Chevalier Des Grieux (Massimo Giordano au timbre lumineux) qui donna lieu à une des plus belles scènes de rencontre de la littérature française. La musique de Puccini frappe les cœurs et les âmes avec puissance et l’on sent en germe, dans le troisième opéra de sa carrière, la force des succès ultérieurs du compositeur vériste, La Bohème, Tosca ou encore Madama Butterfly. Une version pour enfants – encouragés à participer activement à la représentation – La Petite Manon (16 et 21 avril), est aussi au menu des festivités.
Également très attendue est la mise en espace signée Peter Sellars de la Passion selon Saint-Jean de Bach (13 et 18 avril), après l’impressionnante réussite d’un exercice similaire – iconoclaste et improbable au premier abord – pour la Passion selon Saint-Matthieu en 2010. Le reste du programme ? Une vingtaine de rendez-vous où se mêlent projets éducatifs, prestations chambristes des membres des Berliner Philharmoniker dans les lieux les plus divers (Casino, Orangerie du Brenners Park-Hotel…) et soirée de prestige en compagnie d’Anne-Sophie Mutter ou de Yefim Bronfman. Au cœur de ce foisonnement, notre coup de cœur va au concert de la violoncelliste helvète Sol Gabetta (20 avril). Issue de l’exigeante école russe, la trentenaire interprétera le Concerto d’Elgar, la dernière grande partition du compositeur britannique décrivant selon lui « l’attitude d’un homme face à la vie ». Ce testament musical a la semblance d’un bilan flegmatique teinté de nostalgie : « Tout ce qui est beau, agréable, propre, jeune, paisible a disparu et ne reviendra jamais », conclut-il.
+49 7221 3013 101 – www.osterfestspiele.de
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