Exils
Diptyque bouleversant sur la Guerre d’Espagne, Le Convoi jette une lumière crue sur les drames oubliés de l’exode des Républicains en France, après la victoire de Franco.
Tout débute à Montpellier, en 1975, de la plus banale des manières : la charmante Angelita, piquante brune, ne rentre pas de suite à la maison, allant prendre un verre avec un collègue. Pendant six planches, le flirt se déploie. Lui, charmeur, elle charmée et sexy en robe imprimée et bottes rouges. Ne serait-ce qu’une histoire de mari indifférent ? D’adultère de province ? Très rapidement, le lecteur comprend que cette entrée en matière – dont l’importance métaphorique éclatera plus tard – n’est qu’un long prologue. Soudain, on apprend que la mère de la belle est hospitalisée en Espagne… alors qu’elle était supposée être en Auvergne. Avec René, le second mari de sa maman, tout aussi surpris qu’elle, Angelita part à son chevet dans un pays où Franco est encore au pouvoir. Nous voilà plongés dans l’Histoire grâce à un long flashback. Sans dévoiler la substance d’un passionnant diptyque, sachez que le lecteur découvrira quelques secrets de famille sur fond de tragédie : fuite de Républicains vers la France, internement par les gendarmes à Rivesaltes, dans un camp de fortune, déportation vers l’Allemagne ensuite (dans le sinistre convoi des 927 vers Mauthausen, parti de Perpignan et d’Angoulême). Le scénario imaginé par le très prolifique Denis Lapière épouse, en la romançant, la destinée des parents d’Eduard Torrents qui la met en images avec élégance et émotion, jetant, par la même occasion, un regard acéré sur un drame oublié, La Retirada, l’exode de plus de 450 000 républicains espagnols en France.