Europa, europa

Photo de Martin Kaufhold

Entré en fonction au début de la saison, le directeur général du Saarländisches Staatstheater de Sarrebruck souhaite une « maison ouverte sur l’Europe ». Entretien avec Bodo Busse.

Détournant la devise de la République française, vous avez placé votre première saison à la tête du Saarländisches Staatstheater (où sont montrés opéras, chorégraphies et pièces de théâtre) sous le signe de « Liberté, Égalité, Sécurité ». Pourquoi ce choix ?

Ce triptyque irrigue la société européenne aujourd’hui. Il me semble essentiel qu’il soit présent sur scène : à mon sens, le plateau doit être une chambre d’écho du monde. Le public pourra le retrouver, comme une colonne vertébrale, au fil des productions. Ce questionnement est présent dans Guillaume Tell de Rossini qui a ouvert la saison (dernière représentation 02/12) : qui était le héros suisse ? Un activiste, presque un terroriste… La mise en scène montre comment des convictions politiques peuvent se métamorphoser en idéologie et générer le fanatisme. On retrouve ces thématiques dans l’adaptation de Nathan le sage de Lessing par Bettina Bruinier (jusqu’au 21/12) où sont injectés des fragments d’une pièce écrite par Mark Ravenhill en réaction aux attentats de Londres. Le texte des Lumières entre en résonance, en collision presque, avec notre présent…

Comment se manifeste concrètement le lien entre le Saarländisches Staatstheater et la société ?

Nous avons fondé l’Ensemble4 rassemblant des citoyens souhaitant prendre part à la vie du Théâtre, des profanes que nous allons intégrer à différentes productions de théâtre, de danse ou d’opéra… et pas uniquement comme figurants ! Nous souhaitons ouvrir notre maison le plus largement possible sur la ville et le monde et créer des interactions, des initiatives participatives.

Photo de Martin Kaufhold

Vous avez aussi désiré mettre en place des passerelles avec les pays voisins… 

Sarrebruck est au cœur de l’Europe : il est donc naturel que nous travaillions au quotidien, au-delà de festivals comme Perspectives ou Primeurs, avec des maisons des pays voisins en multipliant les coproductions avec les Théâtres de la Ville de Luxembourg, l’Opéra national de Lorraine, mais aussi Turin ou Saint-Gall à travers le réseau Opera-Europa.

Au fil de la saison, se remarque un équilibre entre classiques et raretés au nombre desquelles figure La Tempête de Frank Martin (27/01-25/03)…

C’est la première pierre d’un cycle Shakespeare regroupant des opéras des XXe et XXIe siècles où l’on retrouvera, dans les saisons à venir, Lear d’Aribert Reimann et des œuvres très récentes. Il est de notre devoir de défendre le répertoire contemporain : je suis notamment très fier de présenter cette année Solaris de Michael Obst (08-17/03).

Au Saarländisches Staatstheater (Sarrebruck), en décembre, sont notamment programmées les premières de My fair lady (09/12-22/04) et des Souffrances du jeune Werther (15/12-19/01).

staatstheater.saarland

vous pourriez aussi aimer