Avec Hantise, nous suivons les pas d’Edgard Allan Poe dans une étrange enquête en forme de plongée dans la folie où ses Histoires extraordinaires servent de scénario pour des meurtres sordides.
Sagas consacrées à Sherlock Holmes ou à Jack l’éventreur, variations sur Alamo, vampires (Dracula, l’ordre des dragons)… La collection 1800 des éditions Soleil (dirigée par Jean-Luc Istin) a pour objet de revisiter en bande dessinée les classiques de la littérature populaire du XIXe siècle, choisissant souvent délibérément de partir dans des délires fantasmagoriques. Ce nouvel opus de la série, un one shot dédié à Edgard Allan Poe, nous entraîne en 1827. À cette époque l’écrivain n’a pas encore de succès. Il demeure inconnu, un simple journaliste du Boston Chronicles redouté de tous en raison de sa plume acerbe. C’est le point de départ choisi par le scénariste Stéphane Louis qui nous dépeint un homme inquiétant et détestable, aigri, presque reclus, écrivant ses nouvelles dans la nuit, entretenant, via une “voyante amante” une relation complexe post mortem avec sa mère. Mais son univers bascule lorsqu’il apprend qu’un meurtre a été commis présentant d’étranges similitudes avec un texte qu’il est en train de rédiger… et qu’il est donc le seul à connaître. Et ce n’est que le début : liées à des affaires sordides apparaissent notamment la trame du Scarabée d’or ou du Crime de la rue Morgue. Notre “écrivain détective” va mener une enquête l’entraînant sur les rives de l’horreur et de la folie jusqu’à un dénouement final plutôt réussi… Les dessins de Thomas Verguet et Bastien Orenge (qui avaient déjà œuvré ensemble pour Magellan, paru chez Glénat) donnent à l’ensemble une tonalité sombre où les couleurs sourdes forment un ballet mortifère oppressant – voire malsain – idéal pour cette errance entre rêve et réalité placé sous le signe de la folie.
