Dreams are my reality

Entre théâtre et arts plastiques, songe et réalité, Le rêve d’Anna, « fable sociale et enfantine » de la compagnie trois-six-trente, a les pieds ancrés dans le quotidien contemporain et la tête perchée dans les nuages.

Il y a du Peter Pan, du Magicien d’Oz ou du Miyazaki dans Le Rêve d’Anna, spectacle qui, en filigrane, évoque le monde capitaliste, la croissance, la domination ou la lutte des classes, « des sujets peu présents dans les spectacles pour enfants », concède Bérangère Vantusso, metteuse en scène. La petite Anna craint le spectre abstrait du « mal libéral », espérant qu’il se tienne à l’écart : d’après ce que lui raconte le cheval blanc et rassurant de ses rêves, il prend la forme d’un effroyable taureau. Ses angoisses sont liées à la situation de son père au chômage qui, renfermé sur lui-même et ses problèmes, ne communique plus avec sa fille. Pour surmonter la situation, elle va convoquer le rêve, empiétant de plus en plus sur la réalité. Selon Bérangère Vantusso, « la fillette transmet petit à petit son innocence à son père ». Elle l’aide à avancer, à prendre les bonnes décisions, à baisser la garde et être plus digne face aux recruteurs d’une grande entreprise. Peu disponible au début du récit (écrit par Eddy Pallaro), le père finira par accepter que le cheval fantasmé par la fillette galope allègrement dans sa vie.

Le principe des deux réalités est matérialisé dans la mise en scène : ce qui est lié au père est joué par des acteurs tandis qu’Anna et les personnages issus de son univers onirique sont représentés par des pantins. Très influencée par le plasticien Ron Mueck, artiste australien créant de troublantes figures humaines plus vraies que nature, la metteuse en scène travaille avec des marionnettes hyperréalistes (depuis son spectacle Kant, en 2006). Humaines, trop humaines, elles composent sa « troupe », chacune pouvant figurer dans plusieurs spectacles, comme des comédiens allant de pièce en pièce. Véritables sculptures, elles peuvent se tenir seules, indépendamment du manipulateur : Bérangère Vantusso aime appréhender la marionnette comme « une présence en creux, par l’immobilité et pas uniquement le mouvement ». Elle crée ainsi des tableaux qui prennent vie dans l’imaginaire du spectateur.

À Strasbourg, au TJP grande scène, du 6 au 12 octobre (à partir de 8 ans)

03 88 35 70 10

www.tjp-strasbourg.com

www.troissixtrente.com

Différents rencontres (en partenariat avec l’Agence Culturelle d’Alsace), projections (au Star) et chantiers ont lieu autour du spectacle en octobre et novembre, voir les dates sur le site du TJP

www.tjp-strasbourg.com

 

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