Django révèle les talents strasbourgeois de demain
À l’Espace Django de Strasbourg, la Pépinière offre aux artistes locaux de musiques actuelles un accompagnement durable, leur permettant de professionnaliser leur projet musical.
Sur une scène musicale aussi foisonnante que celle de Strasbourg, s’élever parmi la multitude de projets proposés peut se révéler ardu pour les jeunes artistes. Si la ville héberge de nombreux lieux pour permettre à ces créateurs de partager leur art, il vient un moment dans une carrière où l’on rêve de dépasser les frontières territoriales. « C’est ce moment charnière-là que nous avons identifié : la Pépinière a été créée justement pour aider les artistes à cet endroit précis de leur développement », précise Benoît Van Kote, co-directeur et programmateur de l’Espace Django. Mise en place en 2016, lorsqu’une nouvelle équipe prend la direction du lieu, sous l’impulsion de Pierre Chaput, La Pépinière Django accompagne les artistes de l’Eurométropole de Strasbourg et dont la création du projet date d’il y a moins de cinq ans, vers une professionnalisation. Le dispositif répond dès lors à un réel besoin que le lieu culturel juge vital dans un secteur tel que Strasbourg.
Pendant deux ans, les artistes sont suivis de près par des intervenants divers et variés (coach scénique, vocal, …), une durée qui n’est pas anodine pour un tel projet : « L’objectif est d’accompagner durablement. Dans le milieu professionnel des musiques dites actuelles, cela prend du temps d’identifier son propre projet, de lui donner sa singularité et de l’amener à être vu par le monde professionnel et par le public », explicite le co-directeur.
L’accompagnement démarre ainsi par « la semaine de colo », se scindant en deux temps : trois jours théoriques, puis trois pratiques. Pour cela, des pointures de l’industrie musicale interviennent pour offrir leur savoir précieux aux jeunes artistes. Les groupes travaillent ensemble durant cette semaine et sont notamment amenés à monter sur scène pour se produire devant les intervenants pouvant leur prodiguer des conseils. Le point de vue des pépiniéristes est également essentiel dans cette démarche : « C’est très intéressant, par exemple, que pense une chanteuse de matrimoine traditionnel du Maghreb d’un groupe de grunge, que pense un rockeur punk d’un projet très pop », souligne Benoît Van Kote.
À la fin de cette « colo », « sort un diagnostic qui nous sert de point de départ, pour établir une feuille de route sur les deux ans à venir. » L’accompagnement individuel peut alors commencer, chaque groupe ayant « ses propres besoins, ses propres envies et ses propres ambitions », le tout, néanmoins ponctué par des points collectifs trimestriels.
En cette rentrée 2024, trois nouveaux artistes bénéficient du dispositif : Lonlax (simili grunge), Awri (blues de femmes berbères), et Naeko (anti pop). Trois groupes aux influences musicales aux antipodes, un choix qui n’est pas laissé au hasard selon le co-directeur : « On ne va pas choisir trois esthétiques similaires. Plus ils sont différents, plus il y a de quoi se nourrir les uns les autres pour avancer ensemble ».
Pour Awri, groupe mettant en musique d’anciens poèmes de femmes kabyles fondé il y a deux ans, participer à cette pépinière permet d’obtenir de l’aide sur des points sur lesquels « en tant qu’artistes, nous avons beaucoup d’angles morts, notamment sur tout ce qui est programmation, communication et comment mettre notre travail en valeur », explique la chanteuse de la formation.
La pépinière permet d’autre part aux musiciens de plus se concentrer sur la création, en perdant moins de temps dans les tâches administratives. Le rôle de l’accompagnement n’est certes pas d’effectuer ce travail à leur place, mais de faciliter la compréhension de ces éléments. « Dans cette industrie où chacun a des intérêts plutôt commerciaux, le fait de pouvoir faire relire un contrat par exemple ou de pouvoir poser des questions et savoir que nous recevons de l’aide, cela nous permet d’avancer avec un peu plus de force et d’assurance », confie le guitariste Thomas Gutehrlé.