Déviation acrobatique
Vingt-deux voltigeurs et porteurs se propulsent, se lâchent et s’agrippent tant qu’ll n’est pas encore minuit.
Rares sont ceux ayant déjà eu le plaisir de voir 22 artistes réunis sur un plateau de spectacle vivant. La ronde de circassiens s’amuse de bascules et de “planches sauteuses” (plusieurs d’entre eux en tiennent les bords pour propulser quelqu’un dans les airs) avec lesquelles ils laissent libre cours à leur imagination, inventant de nouvelles figures. Ainsi surgissent d’impressionnantes et spectaculaires déviations en l’air. Tutoyant des sommets à quatre hauteurs d’hommes et de femmes en équilibre les uns sur les autres, une véritable narration se noue. Dans une esthétique années 1930, le groupe effectue des pas de danse de Lindy-Hop, joue de l’effet de groupe où chacun se bouscule et chahute pour construire un bordel organisé et grouillant qui sublime la vivacité de lancés croisés à plusieurs mètres du sol. Le regard se perd dans ce dédale de mouvements et de reconfigurations de duos, happé par la tendresse des détails. Les mains et les corps s’agrippent pour conjurer le sort de la gravité, stopper la chute et repartir de plus belle.