De l’électricité dans l’air
108 œuvres (dont 39 créations mondiales ou premières françaises) de 75 compositeurs : la 34e édition du festival Musica s’annonce dense avec une plongée au cœur d’univers sonores électriques et éclectiques. Son directeur Jean-Dominique Marco en décrit les grandes lignes.
Comment définir l’esprit de Musica ? Depuis 1983, le festival présente les œuvres marquantes du XXe siècle en les confrontant à la jeune création. Il est essentiel de faire comprendre au public que la musique contemporaine est la suite d’une histoire et qu’elle évolue sans cesse. Il s’agit de la mettre face à d’autres genres pour créer des ponts avec le jazz ou le rock, par exemple. Nous retrouverons ainsi avec plaisir Rodolphe Burger pour un double concert (05/10, Cité de la Musique et de la Danse).
Cette année l’ambiance sera électrique… Pendant des siècles, on a fait de la musique en utilisant trois principes : le frottement, la percussion et le souffle. À partir des années 1950, avec des compositeurs comme Pierre Henry et Pierre Schaeffer (en France) et Karlheinz Stockhausen (en Allemagne), un nouveau postulat est apparu : tout élément du sonore peut faire de la musique. L’électricité et l’électronique ont ouvert de nouveaux champs. Le festival va donner un aperçu de ces musiques, qu’on les nomme concrètes, électroacoustiques ou acousmatiques.
Quels seront les temps forts de ces “soirées électriques” ? Musica va revenir aux fondamentaux avec le “monstre sacré” qu’est Pierre Henry qui offre au festival, à près de 90 ans, la création mondiale de ses Chroniques terriennes (23/09, Point d’eau). Nous avons aussi convié le GRM (Groupe de Recherches Musicales) et son acousmonium – un orchestre composé de haut-parleurs – pour deux concerts successifs, le premier présentant des œuvres historiques, le second des pages de jeunes compositeurs (24/09, Salle de la Bourse).
Allez-vous aussi présenter les “héritiers” ? Bien sûr, que ce soit Thierry Balasse et son Concert pour le temps présent (28/09, Cité de la Musique et de la Danse) ou le collectif strasbourgeois de compositeurs l’état latent à qui nous avons laissé carte blanche (03/10, Salle de la Bourse).
Au-delà de ces musiques, le festival est fait de rencontres inattendues et d’esthétiques diversifiées… Nous avons en effet multiplié les croisements, entre la danse de Jean-Claude Gallotta et le rock (29/09, Point d’eau) ou entre les esthétiques placées sous le signe de la spiritualité de Steve Reich et de Jean-Sébastien Bach (06/10, Palais universitaire) où l’on constatera que Tehillim et le Magnificat ont bien des choses à se dire.