De la mort à la vie
La Symphonie n°2 “Résurrection” de Mahler sera donnée par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et son directeur musical Marko Letonja dans la Cathédrale de la capitale alsacienne, écrin de grès idéal pour cette imposante arche sonore.
Depuis son arrivée, Marko Letonja a souhaité multiplier les lieux de concert dans la ville. L’OPS quitte ainsi régulièrement le PMC pour L’Aubette, le Zénith ou encore la Cité de la musique et de la danse : « Notre répertoire doit irriguer toute la cité et sortir des “temples de la musique” que sont les salles traditionnelles. Ce n’est qu’ainsi que nous réussirons à toucher le plus de Strasbourgeois possible et à attirer vers nous un public nouveau », explique le directeur musical de l’Orchestre. Il était ainsi légitime qu’à quelques jours de Pâques, la Cathédrale de Strasbourg soit le cadre de la Symphonie n°2 “Résurrection” de Mahler, même s’il s’agit, pour le chef slovène, « d’une réflexion d’essence spirituelle qui transcende toutes les chapelles pour atteindre l’universel. Elle embrasse les questions que chaque être humain se pose au cours de son existence et qui deviennent d’une terrible acuité aux portes de la mort. Que va-t-il rester de moi ? Qu’y a-t-il après ? Quel sens donner à son existence ? Face à ces questions, on est toujours seul. »
Commencée dès 1888, cette œuvre (qui ne sera créée que le 13 décembre 1895) est placée sous le signe d’une destinée funeste puisque Mahler écrit ses premières mesures dans une situation personnelle délicate. Il n’est donc pas étonnant que ses prémisses soient une Totenfeier (cérémonie funèbre). Il composera ensuite sa première symphonie (novembre 1889), durement reçue par le public et la critique. Pour cette deuxième, il s’agit, selon les mots de Mahler, de s’imaginer « au pied du cercueil d’une personne aimée. Sa vie tout entière, ses luttes, ses passions, ses souffrances et ce qu’elle a accompli sur terre une fois encore, et pour la dernière fois, défilent devant nous. Et maintenant, en cet instant solennel et profondément émouvant, tandis que préoccupations et distractions de la vie de tous les jours se trouvent emportés tel un voile devant nos yeux, une voix d’une majestueuse solennité glace notre cœur, une voix que le plus souvent, aveuglés par le mirage de la vie quotidienne, nous ignorons. Et après ? Qu’est-ce que la vie et qu’est-ce que la mort ? Pourquoi as-tu souffert ? Pourquoi as-tu vécu ? » Suite à cet instant de tristesse arrive l’Urlicht (lumière originelle) d’une touchante beauté, point culminant de l’œuvre, où l’espoir du salut illumine naïvement tout l’orchestre. Puis, nous replongeons dans les affres du doute : au Jugement Dernier, la Résurrection ne peut se conquérir que de haute lutte. Tel semble être le message de Mahler, avant que tout ne se résolve dans un sublime apaisement.
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