À la Haute École des Arts du Rhin (HEAR)[1. La HEAR est née en janvier 2011 du regroupement de L’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg, l’École supérieure d’Art de Mulhouse et l’Académie supérieure de Musique de Strasbourg. Lire l’entretien avec David Cascaro, son directeur, dans Poly n°156 ou sur www.poly.fr], on fête les quelques 130 jeunes diplômés – en arts plastiques et en musique, mulhousiens et strasbourgeois – pendant toute une semaine émaillée de rendez-vous. Et après, que deviennent-ils ?
La traditionnelle exposition regroupant, durant le week-end du 28 au 30 juin, les travaux des diplômés des sections Art, Art-objet, Design, Scénographie et Communication invitera à une déambulation parmi leurs projets exposés par “voisinages” plutôt que par options. Comme d’habitude, le vernissage[2. Vendredi 28 juin à partir de 17h30 à la HEAR rue de l’Académie] sera l’occasion de trinquer à leur santé tout en profitant des diverses performances. Cette année, la HEAR invite également le public à assister aux concerts-examens[3. Du 24 au 28 juin à la Cité de la musique et de la danse] où les futurs solistes, chambristes ou musiciens d’orchestre se produiront avec leur clarinette, clavecin ou même leur accordéon. Au programme encore : des ateliers, un brunch et des goûters concoctés par la designeuse culinaire Sonia Verguet[4. Lire l’article dans Poly n°147 ou sur www.poly.fr]. En 2013, la fête est plus folle. Très bien, mais qu’adviendra-t-il ensuite des diplômés ? Sont-ils en adéquation avec une société de plus en plus pragmatique ?
« Le taux d’insertion professionnelle des écoles supérieures d’art, à Bac +5, est de 85% dans le champ des métiers de la création », affirme Estelle Pagès, directrice des études en arts plastiques. Certes, les élèves de Scénographie ou de Communication se dirigent vers des métiers plus « identifiés » que ceux de l’option Art qui bénéficieront des « programmes de résidences ou de médiation culturelle ». La voie des musiciens est davantage tracée : ils seront membres d’un orchestre ou indépendants, compositeurs et improvisateurs. « Ils peuvent devenir des musiciens “orthodoxes”, 100% artistes, mais bien souvent ils ont plusieurs employeurs et sont parfois enseignants », nous éclaire Marie-Hélène Fournier, conseillère aux études supérieures de musique.
Les raisons de ce succès ? Un savoir dispensé par des “prof”essionnels (plasticiens, musiciens…), un enseignement « boîte à outils » le plus large possible où l’on acquiert des compétences multiples, donnant les cartes pour mener à bien sa production comme sa réflexion. LA HEAR est soucieuse du profil des élèves, elle cherche à accompagner des personnalités originales dans leur construction. Pour Marie-Hélène Fournier, il s’agit de « faire éclore ce qui est en germe, de déclencher les processus créatifs ». Les deux responsables revendiquent un lieu de tentatives, d’expérimentations et d’autonomie. « L’école de la liberté est la plus difficile car il faut faire des choix », tempèrent-elles. Estelle Pagès, de conclure : « Nous formons des “auteurs” en capacité de créer leur propre modèle de travail et de s’inscrire dans le monde professionnel, pouvant exercer des métiers techniques ou plus conceptuels. Ils sont adaptables à des situations très différentes et rapides dans leur analyse critique du monde. » Après la fiesta, pas de gueule de bois.