Danse on ice
Conte chorégraphique dansé par Anne-Laure Rouxel, L’Inouîte est avant tout une fable, glaciale et brûlante à la fois, sur notre rapport au monde. Pour l’occasion, le Théâtre Jeune Public se métamorphose en immense banquise.
« Il a mis des mots sur ma danse » explique Anne-Laure Rouxel, interprète (et chorégraphe) seule en scène. “Il” c’est Joël Jouanneau, un des auteurs contemporains les plus marquants du théâtre français. Tout est parti « de deux photographies. La première a été prise par Roald Amundsen2 et montre un enfant inuit vêtu de peaux de bêtes portant des lunettes pour se protéger de la luminosité de la neige. Sur la seconde, de la même époque, on peut voir deux gamins devant un igloo. Un frère et une sœur, vraisemblablement. » Dans un conte du grand nord, la danseuse incarne cette petite fille « descendue sur terre comme un flocon ». La pièce est l’histoire d’un chemin de vie, d’une découverte du monde qui part de l’immobilité – au début, elle est prise dans la glace – pour y revenir… Mais entre ces deux instants, il y aura « de la douleur, des colères, des états d’âme, de la séduction, de l’ennui, du plaisir, on volera comme un oiseau, pêchera dans un trou d’eau… »
La danse et les mots alternent sans jamais se mêler, « se complètent et se répondent en permanence » dans un décor glacé, un “sol miroir” où est installée une chambre d’enfant immobile dans laquelle tout un bric-à-brac, posé sur un lit vertical, est figé par le gel. Sur des musiques aux accents septentrionaux (de Meredith Monk à Björk, en passant par des sonorités naturelles où l’on entend des icebergs se briser ou le vent souffler), la danse se fait souple et poétique. Des influences chaleureuses, indiennes ou hawaïennes, y sont perceptibles. Anne-Laure Rouxel incarne la destinée de cette petite fille qui fera d’étranges rencontres. Celle de la tribu des Aglaklaks, les adorateurs de la lettre K est la plus surprenante : « Tu viens d’oùK ? », « Tu fais KoiK ? » Le dialogue est bizarroïde. Les mots s’entrechoquent, les cultures se heurtent… mais peu à peu, au rythme où le plateau se réchauffe, les cœurs se rapprochent. Réflexion sur la destinée individuelle et spectacle d’apprentissage, L’Inouîte se fait alors fable sur l’altérité et le respect des différences à usage « des enfants de 7 à 107 ans ».
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