Dans le labyrinthe
À l’Opéra de Dijon, Philipp Himmelmann installe Simon Boccanegra dans la contemporanéité. Entretien avec le metteur en scène allemand autour du chef-d’œuvre de Verdi oscillant entre histoire d’amour et intrigue politique.
Aida à la Deutsche Oper am Rhein, Don Carlos à la Staatsoper de Berlin, Macbeth à la Semperoper de Dresde… Verdi est un de vos compositeurs préférés. Qu’aimez-vous chez lui ?
Le caractère théâtral de sa musique est extraordinaire, conférant à l’action une dimension nouvelle et un caractère éminemment dramatique. Si ses œuvres de jeunesse sont très “spectaculaires”, celles que vous citez permettent de plonger au plus profond des personnages, la musique possédant ainsi une grande dimension psychologique. Et l’on retrouve cela dans Simon Boccanegra.
Pour vous, quel est le thème principal de l’opéra : l’amour ou le politique ?
Les deux sont aussi importants l’un que l’autre. Simon combat avant tout pour son amour au début de l’opéra, mais, au fond, essaie de trouver un nouveau sens à sa vie dans l’action politique, en tentant de réconcilier une Italie déchirée. Sa volonté première est d’oublier la mort de son aimée, Maria.
Cet événement est le noyau de toute l’action…
Absolument ! Il est le point de départ de tout. Sans lui, il ne se serait rien passé, ce qui n’est pas toujours compris lorsqu’on regarde Simon Boccanegra : alors, nous le montrons de manière très forte, avant que l’opéra commence et y faisons sans cesse référence, au fil des actes.
Dans quel cadre avez-vous installé l’opéra ?
Nous avons construit un palais aux murs impénétrables dans lequel on ne sait jamais qui est derrière la porte, dans lequel il n’y a aucun espace privé. Dans ce monde où tout est public, il n’existe aucune retraite possible. Ce décor semble figé et solide, mais il est mouvant. C’est un labyrinthe, mais un labyrinthe toujours en mouvement qui ne laisse aucun espace pour respirer et qui, au final, interdit de sortir.
Un autre thème de votre mise en scène est la mer…
Elle est un espace de nostalgie pour Simon – un ancien marin – qui aspire à y revenir : en cela, les flots sont toujours présents. Il se tourne vers eux comme dans un rêve éveillé, cherchant un lieu où disparaître.
La pré-générale de Simon Boccanegra est ouverte gratuitement aux étudiants, samedi 10 mars (sur inscription)
Rencontre avec les artistes à l’issue de la représentation du dimanche 18 mars