Dans la ronde
L’une des cinq compagnies de cirque équestre françaises, EquiNote, présente FaceCachée. Quatre artistes et cinq chevaux sous chapiteau entre acrobaties, voltige et trapèze.
Il leur faut deux semi-remorques, un poids lourd porteur et six caravanes pour déplacer deux chapiteaux, un gradin de 400 places et sept chevaux au gré de leurs pérégrinations. Pas de quoi effrayer Vincent Welter et Sarah Dreyer, fondateurs de la Cie Equi- Note qui en ont vu d’autres. L’itinérance est un mode de vie qui a toujours attiré ce couple ayant vécu en yourte « avec l’envie de voir du pays » avant d’installer ses caravanes dans le parc de Wesserling. Pourtant rien ne les destinait à cette vie de saltimbanques : Vincent et Sarah grandissent en Alsace, entre la vallée de Saint-Amarin et Molsheim. Un BTS Agricole en poche chacun, ils hésitent à s’installer avec des paysans, travailler la terre dignement. La rencontre avec le cheval changera tout. Vincent a 20 ans, Sarah monte déjà depuis dix ans. De stages d’éthologie « indispensables pour construire une autre relation que celle de dominant à dominé » en formation professionnelle sur-mesure avec la Compagnie Pagnozoo, ils apprennent la voltige, l’acrobatie, l’équilibre sur les mains. Découvrent les tournées, les montages et démontages, « la vie collective en forme d’aventure humaine » raconte Vincent. En 2007, ils partent avec des amis sur la route. Strasbourg-Tarbes, à pied, par les villages, montant un petit spectacle sur chaque place. Trois ans plus tard ils se lancent seuls, acquièrent deux chevaux, un chapiteau, des boxes. Leur cirque-théâtre-équestre de création prendra pour première forme un dîner-spectacle dans la ferme où ils travaillent, alliant leurs deux passions. Au bout d’un an, il leur faudra choisir, éreintés par un rythme insoutenable de travail aux champs et d’entraînement de haut niveau.
« La voltige équestre est une discipline ingrate », confie- t-il. « Pendant six mois, je n’étais jamais debout sur la croupe au galop. Il m’a fallu tout ce temps pour comprendre comment monter, me préparer, me positionner. Et avant cela, j’ai mis deux ans à me mettre debout, gérer la force centrifuge, apprendre à tomber… Ce qui a l’air d’être facile ne l’est jamais ! » Des montures de 700 kg dressées à tourner en rythme sur une piste circulaire de 13 mètres qui « lisent en nous comme un scanner, réagissant en miroir à ce qu’on leur propose. » Dans FaceCachée, quatre circassiens (trapèze, corde lisse…) habillés en jeans et sweats à capuches se défient et se provoquent au milieu de cinq chevaux sous les yeux d’un barman- régisseur. Ils vont avec virtuosité se débarrasser de leurs carapaces pour apparaître tels qu’ils sont. « Nous faisons des spectacles tout public mais chers à produire, réunissant 8 à 10 personnes, qui nous obligent à rayonner dans toute la France et au-delà pour 40 à 50 dates minimum par an, soit six mois de présence et de déplacement. Vu le contexte actuel du spectacle vivant, c’est quasiment militant d’oser cela », rigole-t-il. « Mais nous faisons ce métier pour rêver et échapper à tout un conditionnement sociétal qui n’est définitivement pas pour nous ! »
Sous chapiteau sur le parking du Jardin des Deux Rives (Strasbourg), du 10 au 23 mai
cie-equinote.fr