Curio Part II, nouveau volet du duo AllttA
Avec la sortie de Curio Part. II, second volet de l’album paru en mai, le duo franco-californien AllttA poursuit sa symbiose entre hip-hop et electro.
Fin mars, AllttA publiait sur Twitter une version du single Savages, avec un featuring de Jay-Z… sans Jay-Z ! Le Nantais Sylvain Richard, alias 20syl, ancien DJ et beatmaker des C2C ou d’Hocus Pocus, et son acolyte rappeur Mr. J. Medeiros, découvert dans le hip-hop indé américain avec The Procussions, frappaient un grand coup dans le débat sur l’IA, créant un vent de panique dans le milieu. Cinq millions de vues en un clin d’œil et des lyrics originales se mêlant jusqu’au trouble à la fausse voix de Shawn Corey Carter, renvoyant tout le monde en plein âge d’or du kid de Brooklyn, dans les nineties. Le titre n’est finalement pas commercialisé, n’existant que dans sa version originale, sans recours au tripatouillage technologique. Il aura au moins eu le mérite d’ouvrir un débat autant artistique que réglementaire (droit d’auteur, à l’image, propriété intellectuelle…). Au-delà du – mauvais ? – coup de pub, le groupe signe un double album (paru en mai et en septembre) aux textures organiques et aux rythmiques électroniques aussi surprenantes dans ses incursions rock-psyché façon Queen (Victim), indiennes et futuristes (Honorifica), qu’émaillées de bangers savamment crasses et efficaces (Firing-up).
L’entêtante ritournelle à cordes de Taller than all of them offre un refrain de pop star, presque world. Mais l’ensemble ne se départit jamais d’un cool érigé en art de vivre (Falcon Heavon, Can’t slow down ou un Eclair qu’aurait pu enregistrer en son temps un Justin Timberlake). Mr. J. Medeiros y pose un flow chirurgical (un Old Block sombre, gardant la pulse de manière stakhanoviste, avec un faux air de Mos Def), hyper efficace (Duel World), aussi à l’aise dans les rivières tumultueuses que dans les poétiques étendues ondulantes de visions joyeusement festives. Et quand 20syl emprunte le micro, en français, c’est pour une épopée intergalactique et robotique aussi perchée qu’un Bowie, qui désarçonne et ouvre encore un peu plus le champ des possibles du genre (Sleep in Peace). La flûte en furie de Shit Talk King et ses sonorités électroniques rétro-futuristes répondent à merveille à un texte clamant : « Iusedtobeaniceguy/But now after all the shit that I’ve been through / I could rip the fucking head off a pitbull. » Narquois, voire sarcastique façon sale gosse, le MC précise, à la toute fin, aimer les chiens et ne faire que feindre de parler d’eux pour, en fait, s’adresser à nous !
À La Laiterie (Strasbourg) jeudi 7 décembre, avec Simony en première partie
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Parus chez On And On Records
onandon-records.com