Coup de chœur
Autour de Brahms ou de la nature, Les Métaboles creusent un exigeant sillon choral. Rencontre avec Léo Warynski, directeur de l’ensemble vocal installé à Colmar.
Les Métaboles fêtent leur dixième anniversaire : comment voyez-vous le chemin parcouru ?
À l’époque, je rêvais d’un chœur professionnel pouvant s’emparer de tous les répertoires, possédant une affection particulière pour les pièces a cappella et les musiques contemporaines. J’avais des voix dans ma tête, aujourd’hui elles sont sur la scène.
Comment décrire la sonorité de l’ensemble ?
Ma conception du chœur est orchestrale : j’aime rechercher toute la palette sonore que les voix peuvent proposer. Mon rôle ressemble à celui du peintre avec ses tubes et ses pinceaux : le mélange peut être incroyable ! Une certaine transparence caractérise Les Métaboles, mais aussi une couleur très homogène et une grande ductilité, c’est-à-dire une capacité à se transformer au gré des répertoires. C’est pour cela que j’ai choisi ce nom reprenant celui d’une œuvre de Dutilleux explorant la notion de métamorphose.
Dans deux concerts à Erstein et à Metz, vous explorez le spectre brahmsien : comment décrire ce programme ?
Il m’a été soufflé par Olivier Érouart, directeur artistique de Piano au Musée Würth : j’adore les Liebeslieder Walzer, mais étais circonspect à l’idée de m’en emparer, car elle a été si souvent chantée, me demandant ce que nous pourrions apporter. L’idée de collaborer avec des pianistes jouant sur instruments d’époque est apparue essentielle, permettant d’aborder Brahms différemment. En réunissant autour de cette partition des pièces variées, je voulais montrer que le compositeur proposait des musiques chorales d’essence très différente avec des canons inspirés de la musique de Schütz et de Bach aussi bien que des valses ou des échappées tsiganes ou slaves…
À côté des “automnaux” Deux quatuors, opus 112, vous donnez les Trois Quatuors, opus 31 bouillonnants de jeunesse…
Ils transportent le public dans une histoire d’amour et constituent de véritables saynètes de théâtre. Si Brahms n’a jamais écrit d’opéra, on peut voir ici ce que cela aurait pu donner.
Dans un troisième concert à Colmar, vous explorez votre dernier disque intitulé Jardin féérique : quelle en est son essence ?
Autour de l’œuvre de Ravel, se déploient des partitions sur le thème de la nature de Saint-Saëns et Britten, mais aussi Miniwanka ou le cycle de l’eau (1971) de Murray Schafer, compositeur canadien qui s’est préoccupé d’écologie quarante ans avant tout le monde. C’est une musique formant de véritables tableaux, des paysages sonores.
Initialement prévus au Musée Würth (Erstein), mercredi 11 novembre (dans le cadre du festival Piano au Musée Würth)
musee-wurth.fr
À l’Arsenal (Metz), dimanche 15 novembre
citemusicale-metz.fr
À la Salle des Catherinettes (Colmar), vendredi 4 décembre colmar.fr
lesmetaboles.fr
Paru chez NoMadMusic
nomadmusic.fr