Comme un poisson dans l’eau
Succès de la littérature jeunesse, Marlène Baleine est porté à la scène sur des musiques de la Renaissance. La metteuse en scène Bérénice Collet évoque les enjeux de ce théâtre musical pour enfants.
Quelles sont les thématiques irriguant l’œuvre ?
Elle narre l’histoire de la petite Marlène : très ronde, elle vit un calvaire fait de moqueries et de quolibets, à chaque fois qu’elle va à la piscine. Ses camarades de classe ne sont pas tendres. Plus généralement, on embrasse la situation de tous ceux, quelque soit leur âge, qui se limitent dans leur existence en raison de nombreux a priori : ils sont trop gros, pas assez cultivés, etc. C’est une incitation à s’accepter soi-même pour que les autres nous acceptent.
Est-ce aussi une pièce sur la cruauté des enfants ?
Ils ne se rendent pas forcément compte que répéter en boucle à un camarade qu’il a un gros nez ou qu’il est trop gros peut faire profondément mal. Ils énoncent un fait. En quoi dire la vérité est-il blessant ? Ce n’est pas facile à comprendre pour eux, parfois. Marlène Baleine est aussi une œuvre sur la nécessaire empathie et la manière de l’enseigner.
Comment porter au plateau un album dont l’univers esthétique est très fort, avec les dessins tout en rondeurs de Sonja Bougaeva ?
Nous avons pris le parti d’être très visuels avec une forte contrainte, car la plus grande partie de l’histoire se déroule dans une piscine. Nous avons donc essayé, sans utiliser la moindre goutte d’eau, grâce à différentes astuces visuelle, d’immerger le public !
La bande-son de cette histoire mettant en scène des enfants d’aujourd’hui est composée de musiques de la Renaissance…
Notre langage scénique, moderne et contemporain – qui utilise notamment de la vidéo – se met en quelque sorte au diapason de la partition car nous nous sommes aussi servis d’effets de machinerie anciens. Notre piscine est un grand escalier entre les marches duquel surgissent des éléments de décor, que ce soient des vagues ou des fragments de jungle.
Comment Benoît Haller et La Chapelle rhénane s’emparent-il de ces musiques ?
Ils n’en ont pas une approche muséale : Benoît Haller ne cherche pas à reproduire un son que personne, de toute manière, n’a entendu aujourd’hui. Ces partitions sont comme des squelettes autour desquels on a beaucoup reconstruit, ajoutant, par exemple, un accordéon à l’instrumentarium.
À la Cité de la Musique et de la Danse (Strasbourg), du 5 au 14 janvier (dès 5 ans)
À La Sinne (Mulhouse), samedi 25 et dimanche 26 janvier (dès 5 ans)
operanationaldurhin.eu
À découvrir lors de la saison prochaine sur la scène du Saarländisches Staatstheater (Sarrebruck)
staatstheater.saarland
Paru chez Sarbacane (15,50 €)
editions-sarbacane.com