Cold songs: Eiskeller de Rover
Avec Eiskeller, troisième opus somptueux né d’un confinement volontaire, Rover poursuit ses errances poétiques, en quête d’élévation.
Quel disque ! Confectionné au fil de quatorze mois passés cloîtré dans une ancienne glacière enfouie sous terre à Bruxelles – jadis lieu de stockage des pains prélevés l’hiver sur les étangs d’Ixelles pour fournir les brasseries de la ville – Eiskeller (“cave à glace”, en allemand) est un album habité, dont les chansons feutrées s’insinuent à bas bruit dans la mémoire et envoûtent l’âme. Une plongée mélancolique dans un monde où le temps semble comme en suspens, entre lumière et obscurité, rêverie et résignation, torpeur et élévation. Figé dans l’instant, « comme l’eau quand elle se met à geler ». Par la grâce d’une voix androgyne venue d’un autre monde, Timothée Régnier, alias Rover, explore en treize titres les tréfonds de l’expérience humaine : amour, fraternité, fureur de vivre, actes manqués… De la mélopée vallonnée de To This Tree à la délicate ballade métronomique de Venise Hat, en passant par la beauté splénétique du déchirant Roger Moore, le chanteur, compositeur et multi-instrumentiste déclame des textes à la poétique impressionniste ultra-travaillée, dans un anglais qui n’a rien pour lui d’une langue étrangère, puisqu’il passa aux États-Unis une partie de sa vie. Le résultat est juste sublime.
Au Parc de la Pépinière (Nancy) dans le cadre du festival Nancy Jazz Pulsations, lundi 11 octobre, à La Cave à Musique (Mâcon), samedi 16 octobre, au Moloco (Audincourt), jeudi 18 novembre, à La Laiterie (Strasbourg), jeudi 24 février
Édité par Cinq7 / Wagram Music, 2021
cinq7.com