Des vikings à la poursuite d’une créature marine gigantesque semant la terreur dans les fjords : tel pourrait être le résumé lapidaire d’Asgard, nouvelle et prometteuse saga en BD.
Il ne fait pas bon naître skräeling – c’est-à-dire infirme – chez les vikings : c’est pourtant ce qui arrive au fils de Leïf venu au monde, une nuit d’orage, avec une jambe en moins. La tradition voudrait qu’il soit supprimé, mais son père ne peut s’y résoudre, nommant, par défi, l’enfant Asgard. Voilà comment débute la saga de Xavier Dorison (textes) et Ralph Meyer (dessins) qui avaient déjà travaillé ensemble pour le tome inaugural de XIII Mystery (La Mangouste, 2008). Les trois premières planches narrent cet épisode sur fond de fjord pluvieux et de sombres forêts. Le lecteur est ensuite balancé quarante ans plus tard : Asgard, muni d’une prothèse d’acier, est désormais surnommé “Pied-de-fer”. Il est devenu un des meilleurs guerriers vikings et le plus grand chasseur du fjördland.
Cela tombe bien puisqu’un énorme monstre marin terrorise la région, rendant impossible toute sortie en mer pour la pêche ou le strandhögg – razzia – les deux modes de subsistance principaux des vikings. Le roi fait appel au chasseur maudit des dieux pour tuer la bête. Il part à sa poursuite avec un équipage hétéroclite où se trouvent notamment un barde sévèrement barré et une charmante emmerdeuse. Mais ne s’agit-il que qu’une bestiole ou alors du ragna rök, le “serpent-monde”, dont la venue annonce la fin de l’univers et des hommes ? La quête est haletante, l’univers graphique, sombre et inquiétant, réussi… Et la dernière planche de l’opus inaugural de la série (prévue en deux) laisse nos héros en fâcheuse posture, aux prises, à la fois, avec leurs propres démons et des forces (sur)naturelles qui les dépassent.
