Charlotte sometimes

Photo de Collier Shorr

Charlotte Gainsbourg, qui a « toujours vingt ans dans [s]a tête », est auteure d’un album grave sur la mort et le temps qui file, contrebalancé par une production “club”. Entretien sans filtre (de gitane).

Les premières fois sont importantes…
On les associe souvent à la magie de l’enfance, mais j’ai vécu de nombreuses premières fois avec Rest, mon dernier album pour lequel j’ai écrit des chansons et réalisé des clips : c’était complètement nouveau. Je trouve toujours le moyen de vivre de nouvelles expériences, en travaillant avec Air, puis Beck et enfin aux côtés de SebastiAn et Guy-Manuel de Homem-Christo de Daft Punk.

Peut-on rêver d’un nouveau départ à 40 ans passés ?

Oui, en continuant à explorer !

Avec vos airs de gosse et votre veste en jean d’ado, vous n’avez pas trop changé depuis L’Effrontée…

Je viens de revoir le film avec mes enfants : ce que je suis mauvaise ! Comment a-t-on pu me remettre un César ! Je me sens mieux aujourd’hui qu’à l’époque. Je n’ai jamais été “femme”, donc je reste quelqu’un d’enfantin. Ça me permet de vieillir moins vite, mais c’est très emmerdant…

Emmerdant ?
On a besoin de grandir en vivant certaines étapes physiquement, mais moi je vais passer directement d’androgyne à vieille dame, sans entre-deux.

J’espère que vous n’allez pas ressembler à la mère âgée de Romain Gary que vous incarnez dans La Promesse de l’aube
Bien sûr que si ! J’espérais hériter des traits de ma mère, mais je vais ressembler à mon père en vieille femme ! [rires]

Les photos personnelles de votre sœur Kate Barry, récemment disparue, parlent de l’absence, de l’isolement, des souvenirs qui s’effacent : comme dans le titre Rest. Vous songiez à elle en écrivant ce morceau ?
Ça a débuté par une boucle que Guy-Manuel m’a proposé pour accompagner un titre sur ma sœur, le premier que j’ai écrit alors qu’elle venait de mourir. Je lui ai fait lire différents textes : une grosse masse de matériel ! Il m’a poussé à simplifier, à rendre tout ça minimal. J’ai obtenu des paroles presque innocentes sur la mort et le manque… Au moment du deuil, je n’ai pas ressenti uniquement de la tristesse, mais aussi de l’incompréhension, de la colère, et pour l’ensemble de l’album je voulais qu’il y ait toutes ces émotions : que la musique fasse parfois contrepoids.

« Crois-tu qu’on se ressemble », vous demandez-vous dans Kate. En quoi étiez-vous similaires ou différentes ? Vous êtes sans cesse devant l’objectif alors qu’elle semblait se cacher derrière…
Depuis toujours, oui. Petite, elle me maquillait et me photographiait déjà. Le métier d’actrice était inconcevable pour elle. Nous n’avons pas les mêmes pères et ça a beaucoup joué car j’ai été façonné par Serge Gainsbourg et elle par le manque du sien. Kate a toujours été mon modèle…

Vous dites qu’il y a beaucoup de vous dans cet album. Est-ce qu’il y a aussi quelque chose des personnages que vous incarnez à l’écran ?
Non. Lorsque j’ai commencé à travailler sur mon album IRM avec Beck, je venais de finir Antichrist de Lars von Trier : je passais d’un univers totalement irréel, plein de folie, à un monde à inventer moi-même. Lors de l’écriture de Rest, j’ai tourné La Promesse de l’aube ou Independance Day 2, mais il n’y a aucune trace des personnages que j’ai joués dans mon album. Une fois qu’un rôle est terminé, je zappe !

 

 

Rest, édité par Because
because.tv


Au Théâtre antique de Fourvière (Lyon), lundi 16 juillet dans le cadre des Nuits de Fourvière (jusqu’au 28/07)
nuitsdefourviere.com

Au Théâtre antique d’Arles, mardi 17 juillet dans le cadre des Escales du Cargo (17-19/07 & 14/08)
escales-cargo.com

Au Fort de Saint-Père (Saint-Malo), dimanche 19 août dans le Cadre de La Route du Rock (16-19/08)
laroutedurock.com

À Zurich (Flughofstrasse), jeudi 24 août dans le cadre d’Open Air Festival (22-25/08)
zurichopenair.ch

Au Domaine national de Saint-Cloud (Paris), samedi 25 août dans le cadre de Rock en Seine (24-26/08)
rockenseine.com

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