Casque d’or
Avec L’Homme aux tatouages s’achève le remarquable diptyque intitulé La Fille de Paname. Au menu, apaches et autres marlous dans Paris, aux alentours de 1900.
Parfait symbole de la Belle époque, Le Petit Journal avec ses couvertures colorées et aguicheuses rythme cette bande dessinée qui revisite le mythe de Casque d’or. Derrière l’image d’Épinal, la réalité, lorsqu’on est mal née, pour une jeune fille, s’apparente plus à un roman de Zola qu’à un conte de fées. Amélie Élie ne l’accepte pas… Carmen du ruisseau, elle va se révolter contre sa condition, jusqu’à devenir un symbole. Prostituée, celle qui aime et manipule les hommes, les vrais, les balafrés, les tatoués (mais aussi les filles), est l’enjeu d’une rivalité entre deux chefs de bande, Manda et Leca. Des princes charmants ? D’une certaines manière… mais surtout des voyous violents évoluant dans un univers sombre et maniant le couteau avec virtuosité. C’est dans une sarabande tumultueuse que nous entraîne le scénariste Laurent Galandon (également auteur du récent et brillant Lip, des héros ordinaires) qui aime dépeindre le sort des damnés de la terre. Il nous fait découvrir l’ambiance des bistrots, des cabarets des bals populaires, un monde interlope le lecteur croise Aristide Bruant. Au dessin de cette série très réussie, on retrouve Kas dont le trait réaliste entretient une certaine parenté avec celui de Grzegorz Rosinski (duquel il pris la suite pour la série Hans) et qui évoque ici parfois curieusement l’érotisme voluptueux et cruel de Pichard.