Boucan d’enfer
Le journaliste Éric Buggea a entendu Des Voix dans le corridor, de ”sombres histoires du rock’n’roll” ayant fait beaucoup de bruit et qu’il relate dans un petit ouvrage très… malin.
L’aventure rock ne se résume pas à des notes, des riffs et des mots. C’est une somme de destins, d’aventures personnelles et collectives, de mythologies. D’accords et de désaccords. Les rock-stars sont des dieux de l’Olympe, des mythes vivants ou morts… souvent trop tôt, comme le rappelle le fameux club des 27 (dernier membre : Amy Winehouse), panthéon rassemblant des personnalités disparues à l’âge de 27 ans : Janis Joplin, Jimi Hendrix, Brian Jones… tous décédés par overdose, noyade ou abus divers.
Les artistes rock sont des êtres fragiles (et mortels) qui ne ressentent plus la douleur, ni la peur, ni les limites une fois sur scène. Prêts à tout pour la gloire, certains n’hésiteront pas à pactiser avec le diable : le bluesman Robert Johnson, notamment, auteur de Me and the Devil blues. Le livre passe en revue de nombreux groupes entourés d’une aura mystérieuse, jouant parfois avec le folklore qu’ils alimentent. Ça se gâte lorsqu’un jeune serial killer texan justifie ses crimes par la musique d’AC/DC ou quand Judas Priest se retrouve sur le banc des accusés après le suicide de deux ados.
On nous cache tout, on nous dit rien ? Scrutés par des fans hardcore, les Beatles sont suspectés de cacher la mort de McCartney au monde entier tout en jetant quelques indices, ici ou là. Les preuves de la supercherie seraient apportées par les pochettes de Sgt Peppers et d’Abbey Road… Les quatre musiciens dans le vent auront bien du mal à démentir la rumeur, née « dans un climat propice à la paranoïa » (le maccarthysme, l’assassinat de Kennedy).
L’époque actuelle a-t-elle sonné le glas des légendes urbaines ? Buggea évoque une époque, pas si lointaine, où l’on tournait les pochettes des 33 tours dans tous les sens pour y déceler les secrets, où l’on décryptait les paroles et passait même les disques à l’envers pour y entendre des messages codés. « L’erre n’est plus à la dissection », regrette-t-il, tout en riant de tous les fantasmes générés par ses idoles.
Le Texte Vivant (15 €)