Masters

Photo de Magali Bragard & Laurent Paillier

Blanca Li retrouve les huit danseurs révélés dans Elektro Kif (2010) pour sa nouvelle création, Elektrik. Interview avec la chorégraphe espagnole, dont le coup de foudre avec le mouvement electro perdure.

Votre rencontre avec la danse electro et ces jeunes, avec lesquels vous avez fait un spectacle et tourné un film (Elektro Mathematrix, 2016), était un heureux hasard…
En effet, c’était assez spécial ! J’étais invitée à participer au jury d’un concours de danse electro, un style que je découvrais totalement. Ils étaient tous très jeunes, parfois encore lycéens, et leurs mouvements avaient un côté saisissant, fresh, totalement différent de tout ce que je connaissais. Leur danse était pleine de richesses et de variations innovantes. Et puis leur état d’esprit différait de la rage du hip-hop. C’est plus poétique, tourné vers le style et l’esthétisme, gorgé d’énergie poussée à son paroxysme, très coloré et lumineux. J’ai eu tout de suite envie de les emmener quelque part, de cheminer avec eux.

Comment ont évolué cette danse et vos danseurs depuis lors ?
En quelques années, ils ont bien grandi, sont devenus des hommes et, tous, emprunté la carrière de danseur professionnel. C’est incroyable que ce groupe soit resté soudé et qu’ils en vivent tous. Ils ont multiplié les collaborations et, aujourd’hui, nous nous rencontrons autrement artistiquement parlant.

 La danse electro repose pour beaucoup sur des mouvements de bras incroyables, des moulins à une vitesse folle. C’est ce qui vous attire ?
C’est leur particularité, leur différence. La fascination qu’elle exerce vient en grande partie du tempo très rapide imposé par la musique electro sur laquelle sont nés ces mouvements. Ils ont ainsi développé une agilité rare, une vitesse incroyable et une fulgurance qu’on ne retrouve pas ailleurs, ni dans le voguing ni dans le hip-hop. Le genre a évolué depuis l’époque d’Elektro Kif, en 2010. Les danseurs vont plus loin dans leur approche et maîtrise du corps, ont une conscience accrue de l’espace, du placement et du travail de groupe. Ce qui n’était pas gagné car l’electro est une danse personnelle, individuelle. Ce sont des solistes aux capacités bien différentes. Leur danse est encore peu connue, née il y a une grosse dizaine d’années au Métropolis, une boîte à proximité d’Orly.

Pour les “déplacer” vous aviez notamment travaillé à partir d’un match de basket-ball comme inspiration gestuelle. Dans Elektrik, où emmenez-vous vos danseurs ?
Dans l’abstrait ! Nous n’allons pas du tout raconter une histoire. Je cherche à sortir ce qu’il y a de mieux en eux pour construire une structure chorégraphique de danse contemporaine. L’improvisation est toujours à la base de mon travail, sur des thèmes concrets, afin de bâtir un langage commun et nouveau. Le tout sur une musique baroque retravaillée afin de les surprendre et de les confronter à quelque chose d’inédit.

À la MALS (Sochaux), vendredi 15 décembre (dès 8 ans)
mascenenationale.com blancali.com 

vous pourriez aussi aimer