Bienvenue à Zombieland
Avec ce Tome 0 d’une série qui en compte déjà deux autres, nous plongeons aux racines du mal. Retour en arrière, au début d’une épidémie qui transforme des millions de gens en zombies.
Dans cette série deux albums sont déjà parus (La Divine comédie et De la brièveté de la vie) dans lesquels un groupe de survivants essaie tant bien que mal, sur des bateaux, d’échapper aux morts-vivants qui infestent désormais toute la planète. Voilà donc un intéressant Tome 0, intitulé La Mort et le mourant, un prequel si on veut, où l’on retrouve Serge Lapointe. À l’époque, il n’est pas le bon samaritain que l’on connaît, mais un acteur de série B un brin nazebroque qui joue dans des films… de zombies. Jolie mise en abyme du scénariste Olivier Peru qui réussit à donner une belle cohérence à cette saga dont les tomes 1 et 2 ont été dessinés par Sophian Cholet qui cède sa place à Lucio Leoni (ils œuvreront ensemble aux tomes à venir) pour ce volume 0.
Nous sommes à Saint-Pétersbourg et notre acteur fait le beau devant des salles remplies de fans : « Aux States, je ne vaux plus rien, mais ici, chez les bouseux, je fais encore rêver » balance-t-il, cynique. Il assiste aux débuts de l’épidémie, à la transformation progressive d’une partie de la population (sans cesse plus importante) en morts-vivants… mais se préoccupe plutôt de s’envoyer en l’air et de picoler. Rapidement, pourtant, la réalité le rattrape et seule la survie compte. Exit la morale. Chacun pour soi. On n’a plus le temps de penser à son prochain, lorsqu’on est poursuivi par une meute grouillante et dévorante.
Seul en territoire zombie, Serge Lapointe va tout faire pour s’en sortir. Tout. Moins réflexive que la série phénomène Walking Dead (signée Rick Kirkman et Charlie Adlard), moins politique que les films de George A. Romero (The Night of the living Dead, Day of the Dead, Land of the Dead etc.), Zombies séduit pourtant par son efficacité. Véritable “BD de genre”, elle est servie par un dessin impeccable et des couleurs sourdes glauquissimes (signées Matteo Vattani et Gianluca Garofalo) qui exploitent toute la palette du marron (et du rouge sang, évidemment). L’exploration de ce champ chromatique extraordinairement fin et travaillé contribue avec force au plaisir de lecture.