Battle Royale
Artiste associée au TJP depuis trois saisons, Alice Laloy dévoile sa toute dernière création… pour ados et adultes. Batailles explore le chemin menant de la désillusion à la résistance, dans une poésie philosophico-existentialo-absurde.
« Nous, petits Don Quichotte, avons souvent cessé de nous battre contre des moulins trop grands en tombant dans l’âge adulte. » Telle est la présentation du nouveau spectacle d’Alice Laloy qui délaisse, une fois n’est pas coutume, le jeune public « et son envie de croire en tout » pour s’adresser aux plus âgés, « d’autant plus désillusionnés. Le chemin que je suis part du désespoir, du manque d’envie pour explorer ce qui nous mène à la résistance et à l’espérance. Entre les deux, il y a des Batailles. Dans la vie, nous cheminons de chutes en chutes – de notre naissance à notre mort – mais aussi de désillusion en désillusion, en trouvant les moyens de nous en relever, chaque fois. » Dès le mois de novembre 2011, elle réunissait trois “comédiens-chercheurs” pour des sessions d’improvisation au TJP. Pour donner corps à la pensée sur le plateau, il leur fallait expérimenter tout un tas de questions (Est-il plus facile de chuter ou de se relever ? Peut-on résister seul ? etc.), jouer à répondre par l’absurde en s’éloignant le plus possible d’une démarche scientifique. Ce flot d’images et de propositions nourrit l’écriture théâtrale d’Alice faite de poésie, de ressenti et d’émotion.
Avec sa scénographe, elle imagine un espace abstrait, « un puits ou un trou, contenant tout de même une issue », dans lequel trois personnages sont aux prises avec un champ bien particulier : le rapport physique aux choses (équilibre, poids, masse) par un empilement de chaises, la force du mental en testant un œuf « qui peut résister à une force de poussée de 42 kg tout en étant extrêmement fragile » et enfin la sensibilité avec l’utilisation de pantins articulés. Trois parcours parallèles, trois solitudes dont les chemins se croisent jusque dans une salle de cours, lieu de la bataille de la pensée. Un tableau noir occupe une partie de l’espace, inspiré de La Classe morte de Tadeusz Kantor. Des pantins, dans un entre deux enfance / âge adulte, assistent à « un cours de philosophie absurde où l’on essaiera de comprendre l’homme par le biais d’œufs, de musique, d’objets et d’une sorte de mécanique. Comme dans nos rêves, lorsqu’on pense, des images fugaces surviennent. Des personnages ont ainsi traversé l’espace de notre pensée pour nous guider : Jeanne d’Arc avec sa foi, pure, imperturbable et presque aliénée lui donnant la force de se battre, Don Quichotte et sa croyance indéfectible en lui-même, Sancho Panza qui trouve plus facile de croire en quelque chose qu’en rien du tout… » La bataille a déjà commencé.
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