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Marion Fayolle, La Conscience de soi, dessin illustrant l’article Secret Ingredient For Success paru dans The New York Times

Pour le New York Times, la Haute École des Arts du Rhin est un riche vivier d’illustrateurs. Fit to Print, au Musée Tomi Ungerer, expose les travaux de diplômés de la HEAR publiés dans le prestigieux journal.

Commissionnée par Alexandra Zsigmond, directrice artistique de la rubrique Opinion du quotidien new-yorkais, Fit to Print rassemble des illustrations réalisées par d’anciens élèves de la HEAR pour le journal américain. Dix-sept artistes (dont plus de la moitié de femmes) sont exposés : Simon Roussin, Alexis Beauclair, Marion Fayolle, Raphaël Urwiller & Mayumi Otero (formant le duo Icinori)… De jeunes talents défendus par l’association Central Vapeur (déjà accueillie au musée en 2012) et par Poly qui a souvent édité leurs planches dans ses pages. Thérèse Willer, conservatrice en chef du musée, se réjouit de la présence de créations contemporaines au Centre international de l’illustration et rappelle que « dans les années 1960, Tomi Ungerer a lui-même réalisé des affiches publicitaires pour le New York Times ». Alexandra Zsigmond a découvert le travail des illustrateurs strasbourgeois grâce à la revue Nyctalope. Elle prend contact avec certains d’entre eux et aussi avec Guillaume Dégé, responsable de la section Illustration de la HEAR, évoquant un projet d’expo à Strasbourg (puis un peu plus tard à NY). La directrice artistique est séduite par le style des élèves de l’école, leur passion pour le dessin à la main, la dimension « poétique, philosophique, parfois surréaliste » qui émane de leurs œuvres. Une « vision originale », presqu’artisanale, idéale pour illustrer les articles du journal traitant de sujets aussi divers (et difficiles) que la dépression, l’autisme, la sècheresse, la violence sexuelle ou la pollution. « L’école met des moyens exceptionnels à disposition des élèves – gravure, sérigraphie… – qui peuvent expérimenter de nouvelles techniques, faire évoluer leur travail et nourrir leurs créations. Aux États-Unis, la plupart des artistes travaillent à partir de l’outil numérique. À Strasbourg, j’ai pu ressentir la facture personnelle des illustrateurs. Chacun a sa propre écriture. » Au New York Times depuis cinq ans, Alexandra Zsigmond, qui commande quelques 1 500 dessins par an dans le monde entier, n’est pas avare de compliments : « Je peux avoir confiance en leur intelligence et leur manière pertinente de répondre aux demandes du journal. »

 

Fit to Print se divise en trois chapitres. La première partie présente les dessins originaux parus dans le journal entre 2011 et 2015. Dans la seconde, on trouve des travaux persos où les auteurs vont souvent puiser afin de répondre aux différentes commandes, tandis que la dernière section montre les revues collectives Nyctalope, Psioriasis ou Belles Illustrations. Guillaume Chauchat, artiste exposé, enseignant à l’atelier d’illustration de la HEAR et coordinateur de Fit to Print définit le travail des diplômés de l’école comme « très graphique et ouvert », se prêtant bien à l’exercice du dessin de presse. Pour lui, les élèves font quotidiennement du “footing” (reprenant l’expression de Guillaume Dégé), c’est-à-dire une masse de dessins pour soi dans laquelle on pourra extraire quelque-chose en vue d’illustrer un article. « L’école ne veut pas former des gens qui vont être de suite dans l’exécution, mais vont privilégier une recherche d’auteur. L’exercice journalier, le “footing”, est primordial si on veut durer sur la longueur et ne pas s’essouffler lors de la “compétition”. »

Pour traiter de l’infidélité, Marion Fayolle a dessiné une couple enlacé. La tête de la femme se détache de son corps pour aller embrasser une tierce personne. Une illustration à la fois simple et étrange, comme l’est, dans un style totalement différent, celle de Juliette Etrivert qui, par sa touche expressionniste, fait ressentir l’angoisse dont est victime la protagoniste. Selon l’artiste, « elle s’oblige à pratiquer le yoga pour déstresser, s’acharne à se contrôler » et perd définitivement les pédales dans une violente explosion de couleurs fauves. Plutôt que d’apporter des réponses « très littérales » aux commandes du New York Times, Antoine Maillard choisit toujours de débrider sa créativité artistique. « Le journal cherche avant tout des personnalités graphiques fortes » se réjouit celui qui ne tentera jamais de masquer l’aspect « inquiétant » de ses œuvres.

Au Musée Tomi Ungerer, Centre international de l’illustration (Strasbourg), jusqu’au 10 avril

www.musees.strasbourg.eu

Exposition dans le cadre des Rencontres de l’illustration, à la HEAR, aux Médiathèques André Malraux et Olympe de Gouge, au Cabinet des Estampes et des Dessins et dans d’autres lieux de l’Eurométropole, du 9 au 20 mars

www.strasbourgillustration.eu

Central Vapeur

Le festival Central Vapeur change de dates pour se caler à celles des premières Rencontres de l’illustration (9-20/03) et propose une série de rendez-vous à Strasbourg, dont le traditionnel Salon des indépendants (18-20/03, Salle des Colonnes) ou le très attendu Dialogue de dessins (19-20/03, La Semencerie) qui opposera Cachete Jack à Caroline Gamon. La manifestation nous convie également à aller Sur la piste de Daniel Boone (02/03-07/04, Maison de la Région), trappeur américain ayant inspiré Céline Delabre, Vincent Godeau ou Laurent Moreau.

Du 09 au 20 mars à Strasbourg – www.centralvapeur.org

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