Avec éclat
Le jazz, tout le jazz, celui d’hier, d’aujourd’hui et de demain, en liberté. Plongée dans la programmation protéiforme de Jazzdor avec quelques morceaux choisis.
L’histoire veut que l’on voue une confiance absolue à Jazzdor. Quoiqu’il arrive, ces deux semaines de festival réservent des soirées de découverte, de créations et de grands noms qui ne déçoivent pas. Il a la vista, Philippe Ochem, lorsqu’il cale au milieu de mastodontes tels que Joachim Kühn, chantre d’un free jazz européen, ou Daniel Humair, autre dinosaure de la scène (19/11, Reithalle, Offenbourg), l’un des plus beaux disques de 2016 : Le Velvet Revolution façon Daniel Erdmann (15/11, Fossé des Treize). Il concentre un lyrisme sublimé par les inflexions blues du saxophoniste, des mélodies à tomber et un résultat aux harmonies bluffantes, avec vibraphone (Jim Hart) et violon (Theo Ceccaldi). Puisque Jazzdor n’aime pas faire comme tout le monde, le trio sera accompagné de Cyril Atef à la batterie (Vincent Segal, -M-…). Allez-y, vous pleurerez.
Devenu incontournable dans le paysage culturel, le festival est coutumier des rendez-vous d’honneur. Comme le Riverside quartet (24/11, Salle des Fêtes de Schiltigheim) de Dave Douglas & Chet Doxas exceptionnellement rejoint par Carla Bley, grande compositrice et figure incontournable d’un jazz exigeant. Le quartet lui « rappelle comment Ornette Coleman et Don Cherry jouaient ensemble ! » Exclusivités, premières et créations sont chéries : la trompettiste française Airelle Besson (Victoire du Jazz 2015) révèlera la somme d’un travail monstrueux entamé pour l’Euroradio Jazz Orchestra (14/11, MAC Robert Lieb, Bischwiller). Sélectionnée par Radio France pour piloter ce big band, elle a écrit et arrangé toute la musique. Comme à son habitude, Jazzdor n’en oublie pas les locaux. Le terme, souvent synonyme de dédain et d’attrape subventions, retrouve ses lettres de noblesse avec le Dream Weapon Orchestra (23/11, Fossé des Treize) des bien connus musiciens strasbourgeois du Collectif Oh! Ils se réunissent en nonette pour Smoke & Mirrors, création de musique libre, où « les découpages sont perméables, avec des moments d’improvisation à plusieurs », explique Christine Clément, la chanteuse. Tous compositeurs et arrangeurs, les musiciens ont travaillé sur un climat, un son le batteur Francesco Rees définit comme une « particule mouvante attirée par des masses différentes, jazz, rap, rock, ou musiques traditionnelles », sans que l’ensemble soit hétérogène pour autant.