Pour sa 18e édition, Augenblick, festival du cinéma de langue allemande en Alsace, rend notamment hommage à l’immense Volker Schlöndorff. Coup de projecteur sur une dense programmation.
Chaque année, Augenblick ressemble à un bouquet filmique polychrome allemand, suisse et autrichien avec sa compétition regroupant six longs-métrages inédits (ou projetés en avant-première). Parmi eux, citons Rimini d’Ulrich Seidl où l’auteur de la trilogie Paradis arpente la riviera italienne hors saison, entre désespérance, ironie et réflexion sur la vieillesse et l’amour, autour de la figure d’une pop star qui a connu le succès avant d’expérimenter le déclin. À côté de cela, se déploient une compétition dédiée aux courts-métrages – avec l’intrigant Zoon de Jonatan Schwenk, mettant en scène des axolotls d’un blanc presque surnaturel –, un focus documentaire, un autre sur la Suisse et une mini rétrospective consacrée à Douglas Sirk, avant son exil à Hollywood.
Se découvrent ainsi quatre films rares, tournés en Allemagne entre 1933 et 1937 par celui qui se nommait encore Detlef Sierck, dont La Neuvième Symphonie où tous les thèmes qu’il a explorés ensuite sont déjà présents : abandon et exil, adultère et chantage, amour et fatalité…
Le grand moment du festival demeure un hommage en sept stations au monument qu’est Volker Schlöndorff, dont le film le plus connu, Le Tambour, adaptation du roman éponyme de Günter Grass – lauréat d’un Oscar et de la Palme d’or – est évidemment de la partie. Cette histoire d’un enfant refusant de grandir pendant la montée du nazisme est comme un concentré du cinéma de celui qui fut l’assistant de Jean-Pierre Melville et de Louis Malle. Au fil de ses films, il ne cessa en effet de questionner l’Histoire de l’Allemagne, en se servant le plus souvent d’un substrat littéraire. En témoignent Les Désarrois de l’élève Törless, d’après Robert Musil, ou Baal, dans lequel il transpose la pièce de Brecht à la fin des années 1960, mais aussi L’Honneur perdu de Katharina Blum, qu’il coréalise avec son épouse d’alors, Margarethe von Trotta, d’après le roman d’Heinrich Böll. Voilà réflexion sur la société des années 1970 où sont dénoncés le système policier et le pouvoir exorbitant de la presse à scandale. Le public découvrira aussi le récent Der Waldmacher, documentaire où Volker Schlöndorff décrit l’oeuvre de l’agronome australien Tony Rinaudo, débarquant au Niger au début des années 1980 pour lutter contre la déforestation : ce pionnier a restauré plus de 5 millions d’hectares de végétation sur le continent grâce à une technique révolutionnaire…
Dans les cinémas indépendants d’Alsace fédérés par le Recit (Réseau Est Cinéma Image et Transmission) du 8 au 25 novembre
festival-augenblick.fr
Le public aura l’occasion de rencontrer Volker Schlöndorff à Strasbourg (master-class au Star Saint-Éxupéry, 11/11, 18h), Erstein (L’Erian, 12/11, 16h) et Mulhouse (Bel Air, 12/11, 20h)