Avec Du côté de chez Drouant, Pierre Assouline propose une plongée dans les coulisses de l’histoire littéraire avec le Prix Goncourt comme pivot.
Est-il encore nécessaire de présenter Pierre Assouline ? S’il fallait absolument mettre chaque homme dans une case, il pourrait être rangé indifféremment dans celle de romancier, de journaliste ou de biographe… ainsi que dans celle de bloggeur puisque La République des Livres est un objet passionnant qui scrute l’actualité littéraire d’un œil acéré. Homme multiple, donc, qui a plus d’une corde à son arc littéraire, il a publié quelques milliers d’articles (passant, rappelons-le une vingtaine d’années à Lire), de multiples biographies et des romans dont le très beau Lutétia paru en 2005, qui narre la destinée du seul palace de la Rive Gauche parisienne entre 1938 et 1945. On attend avec impatience le prochain Sigmaringen (sortie annoncée le 9 janvier). Il a récemment publié le passionnant Du côté de chez Drouant retraçant 110 ans de Goncourt, un univers qu’il a pu explorer in vivo depuis peu, puisqu’il est membre, depuis 2012, du jury du plus prestigieux des prix littéraires, décerné chez Drouant, fief du cuisinier alsacien Antoine Westermann.
Le point de départ de cet ouvrage est une série de six émissions radiophoniques diffusées sur France Culture en juillet / août 2013 : il en reprend le texte, enrichi et adapté mais toujours fluide et captivant. Divisé en “chapitres – un par année – le livre démarre en 1903 avec le premier Goncourt décerné à John-Antoine Nau pour Force ennemie par un jury présidé par Joris-Karl Huysmans. À l’époque, seuls trois journalistes se sont déplacés pour « recueillir le résultat de la bouche de la caissière ». Le succès, ce sera pour plus tard… Oh, il ne faudra guère attendre puisque le lauréat 1904, Léon Frapié pour La Maternelle fait un tabac (440 000 exemplaires)… sans avoir besoin du Prix : c’est « le roman qui a lancé le Prix et non l’inverse ». Entre anecdotes, petites histoires et grande Histoire, grand oubliés du Goncourt et lauréats bien oubliés désormais, Pierre Assouline propose un ouvrage de 200 pages qui se lisent agréablement, plongeant également le lecteur dans les guerres picrocholines opposant les jurés dans des délibérations homériques ou conflits commerciaux entre maisons d’édition où tous les coups sont permis.
