Au cœur de l’étrange
Programmée dans le cadre de la saison estivale du Taps, La Nuit dort au fond de ma poche dépoussière les contes de notre enfance en nous embarquant dans un voyage initiatique singulier.
Cet été, le Taps explore les moyens d’expression. A comme Taureau (19/07, Taps Scala) interroge le sens des mots, tandis que Bruit de couloir (02/08, Taps Scala) propose une réflexion sur le langage du corps et que L’un dans l’autre (26/07, Taps Scala) nous apprend à communiquer autrement. La programmation s’adresse au jeune public avec des manifestations comme la création originale de la compagnie La Grande ourse, La Nuit dort au fond de ma poche (dès 8 ans). Elle relate les errances nocturnes d’une petite fille au cœur d’une forêt. Puisant dans les contes et légendes, cette pièce convoque théâtre, chant et musique. Inspirée par les récents flux migratoires mondiaux, la metteuse en scène, Véronique Borg, voit en cette traversée une initiation, une découverte de soi. Dans une veine romantique, les bois sont labyrinthiques et hostiles tant il est aisé de s’y égarer et de ne jamais en revenir. Peuplés de créatures magiques jetant sortilèges et maléfices, ils mettent à l’épreuve ceux qui osent s’y aventurer.
Véronique Borg estime que « l’audace de se perdre pour aller à la rencontre de l’inconnu et se confronter à ses peurs permet de s’en affranchir et de se découvrir ». Cette idée se prolonge dans la vision exposée de la nuit, qu’elle envisage comme « la place du mystère et du rêve où tout s’efface et devient possible ». Ambivalente, elle se colore de nuances allant de la plus sombre à la plus lumineuse au fil de la narration. La compagnie s’inspire de ce cadre sauvage et énigmatique. À tour de rôles, les comédiens chantent, jouent d’un instrument et portent le récit sans en incarner les personnages, laissant le spectateur libre de les imaginer. La nuit s’installe dans un paysage sonore faisant la part belle aux compositions musicales comme aux improvisations bruitistes, tandis que la nature se déploie dans un décor vertical tout en sobriété, quelques pupitres habillés de lumière suffisant à évoquer la faune et la flore. « La scénographie n’est pas illustrative, elle se contente de suggérer pour permettre à chacun d’imaginer sa propre forêt. » Une expérience invitant le spectateur aux frontières de la réalité.
Au Taps Scala (Strasbourg), jeudi 9 août