Art (presque) moderne

Le troisième opus de Pablo qui narre les aventures d’un Picasso âgé de vingt ans tient toutes ses promesses. Le lecteur y croise Henri Matisse, Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin…

Nous avions adoré les deux premiers volumes de cette série (lauréate du Prix RTL, en 2012) dessinée par Clément Oubrerie – à qui l’on doit notamment l’excellente saga Aya de Yopougon parue chez Gallimard –  et scénarisée avec fluidité et intelligence par Julie Birmant. À la lecture de cette nouvelle livraison, l’enthousiasme demeure intact. L’album débute dans le train où Pablo Picasso et Fernande Olivier, son premier grand amour et son modèle (qui fut une des Demoiselles d’Avignon… mais nous n’en sommes pas encore là) partent en Espagne. De Barcelone aux solitudes de Gósol, village perdu dans les montagnes, nous les suivons, croisant des contrebandiers aux couteaux affûtés et un aubergiste taciturne. Dans l’esprit de l’artiste, les canons du cubisme commencent à naître : au cœur de la solitude d’une Église, il montre uns statue à sa muse, affirmant qu’elle lui ressemble. « Bossue et hydrocéphale. Mon portrait craché », lâche-t-elle, dépitée. Entre réminiscences paranoïaques du passé à l’occasion d’une (prétendue) épidémie de typhoïde et aventures picaresques, le voyage ressemble à une initiation. De retour à Paris, l’Espagnol va rencontrer, à l’automne 1906, son rival, Henri Matisse par le biais de Gertrude Stein qui le surnomme C.M. (pour « cher maître » comme l’auteur de La Joie de vivre était appelé par ses admirateurs en pamoison). Picasso en chemise blanche à pois orange, Apollinaire et sa fantasque mère, les escapades de Derain et Matisse à Collioure, la découverte décisive d’un masque Fang du Gabon, la lecture des Onze Mille Verges… Le tableau brossé dans ces 84 pages est fascinant. Entre génie et folie, Pablo crée l’art moderne. Et c’est cette naissance à laquelle nous assistons. Émerveillés.

Matisse, volume 3 de Pablo est paru chez Dargaud (16.95 €)
www.dargaud.com

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