Art & histoire

Eric Jarousse

Le hasard fait parfois bien les choses : lorsqu’Alexandra Chauchereau découvre, dans une valise, le journal de son grand-père, mobilisé en Lorraine en 1914, puis envoyé sur le front d’Orient, nait un travail artistique cultivant la mémoire, comme chez Boltanski. On le découvre avec l’exposition Carnet de guerre #1 : dans ses pas. Pour ses peintures, elle utilise les mots et les phrases venus du passé – les intégrant dans ses compositions avec sa propre écriture ou celle de son aïeul – et se servant, comme base de ses toiles mémorielles, de photographies contemporaines des lieux décrits par son grand-père (comme la Butte de Vauquois où les stigmates de la guerre sont encore bien présents). Le résultat est un étonnant aller-retour entre hier et aujourd’hui : une vue actuelle des rues de Dieulouard – ciel bas et lourd traversé de fulgurances rougeoyantes – est parcourue, en filigrane, d’une fine écriture, une représentation des fonderies de Pont-à-Mousson hésite entre couleurs sourdes et éclats orangés, le quai de la gare de Sainte-Menehould se présente dans une intense mélancolie… comme si le passé jamais ne passait.


À l’Abbaye des Prémontrés (Pont-à-Mousson), jusqu’au 16 décembre
abbaye-premontres.com

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