Ange pur, ange radieux
Pour l’édition 2014 des Pfingstfestspiele, le Festspielhaus de Baden-Baden programme notamment une excitante nouvelle production du Faust de Gounod dans une mise en scène signée Bartlett Sher et un très beau récital d’Anna Netrebko.
La musique de Gounod ? Ce tourbillon romantique si français fascine le metteur en scène américain Bartlett Sher qui a déjà monté Roméo et Juliette à Salzbourg, en 2008. Un succès. À Baden-Baden, il s’attaque à son Faust, opéra popularisé par Hergé qui fit régulièrement chanter son Air des bijoux (« Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir ») à Bianca Castafiore. Avec une baguette de très haut niveau, celle de Thomas Hengelbrock, et un casting vocal de choix (Sony Yoncheva en Marguerite, Erwin Schrott en Méphistophélès et Charles Castronovo dans le rôle-titre), c’est à une plongée dans le psychisme des différents protagonistes à laquelle nous sommes conviés, en particulier dans celui de Marguerite, « personnage central et pivot de l’opéra » pour Bartlett Sher. On la retrouvera ainsi à différents âges de la vie : jeune femme, petite fille et vieille dame… Le début de l’œuvre, où l’on rencontre Faust proclamant la vacuité de toute connaissance humaine, est ainsi inspiré « d’Amour, le film de Michael Haneke, où un vieil homme prend soin de son épouse en fin de vie. Les corps sont soumis à une lente dégradation physique. C’est ainsi que tout commence avant que le diable n’apparaisse… »
Parmi les autres temps forts de ces dix jours, citons un concert pour les lève-tôt (lundi 9 juin à 9h au Museum Frieder Burda), un réveil chambriste en compagnie des virtuoses du quatuor à cordes Voce, et la clôture du cycle Mahler de Jonathan Nott et des Bamberger Symphoniker avec sa Symphonie n°1 “Titan” (samedi 7 juin) où il se libère des formes strictes du genre, conservant néanmoins une grande rigueur structurelle et une extraordinaire richesse mélodique. Mais le grand moment sera sans aucun doute le récital de la soprano Anna Netrebko : accompagnée sur scène par le ténor américain James Valenti, la mégasuperstar lyrique – fidèle à Baden-Baden depuis 2001 et des débuts remarqués dans Benvenuto Cellini de Berlioz – proposera un récital placé sous le signe de Verdi et du vérisme. Effets pyrotechniques, profondes émotions et puissants frissons garantis !
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