Alice délices
Dans le cadre du festival Les femmes s’en mêlent, Alice Lewis branchera synthés et boîtes à rythme pour distiller ses chansons électroniques inspirées par les arts plastiques. Interview avec une « bavarde » qui sait être concise.
Lorsqu’on vous demande de parler de vos sources d’inspiration, c’est comme si on appuyait sur le bouton d’un moulin à paroles qu’on ne peut plus arrêter. Prenons le risque : quelles sont-elles pour vos dernières compositions ?
Je suis allée puiser dans ma vie de tous les jours, dans mon observation des gens ou, pour un titre, dans Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul, film qui parle de la guerre dans le Nord-Est de la Thaïlande. Mes chansons sont toujours très imagées : The Statue part ainsi d’une vision des gisants de la Basilique de Saint-Denis croisée avec les émotions d’un moment. Dans le texte, je parle de la lumière qui passe au travers des vitraux pour se poser sur le monument de pierre. L’influence des arts plastiques est incontestable.
Vous étiez aux Beaux-Arts de Cergy et avez effectué un passage de la sculpture à la musique. Le glissement s’est fait naturellement ?
Non, ça n’était pas évident. Lorsque j’étais à l’école, une de mes professeurs, l’artiste Sylvie Blocher, m’a entendu chanter dans les couloirs du bâtiment de béton de Vasconi et m’a lancé un défi : composer deux chansons. Je me suis retrouvée à écrire des titres avec mon mini clavier. Lorsqu’on réalise une sculpture, on produit un objet fixé dans le temps alors qu’en musique on fabrique une durée : ce changement est difficile à opérer.
Vos dessins oniriques et effrayants décrivent une sorte de cabinet de curiosités avec des reliques, des animaux naturalisés et des insectes. Ils pourraient illustrer votre musique et inversement…
Oui, pourquoi pas… Je suis mal placée pour en parler, mais on m’a déjà dit que je faisais des choses à la fois merveilleuses et lugubres. Le dessin me demande beaucoup plus de temps. Face à un instrument de musique, ça semble simple : on plaque un accord sur un piano ou une guitare et on obtient immédiatement une matière sonore. Devant une feuille blanche, j’ai davantage le sentiment d’être confrontée au vide.
Écrire une chanson vous permet de transformer des états d’âme sombres en paysages sonores lumineux ?
Je pense que c’est le cas de tout le monde. Comme dirait mon amie Sir Alice, mieux vaut cuisiner avec nos casseroles que de se les trimballer.
Sur votre premier album, No One Knows We’re Here, vous apparaissiez avec des plumes, tel un oiseau multicolore. Quel animal serez-vous pour défendre Cracks of Dawn qui sortira en septembre ?
Mon prochain album aura plus de corps, il sera davantage ancré sur terre. Alors, je serai peut-être un ours de la Forêt noire
03 84 58 11 77 – www.poudriere.com À Dijon, à La Vapeur, mercredi 26 mars 03 80 48 86 00 – www.lavapeur.com Nouveau single : Ignorance is Bliss, édité par Believe Les femmes s’en mêlent dans l’Est : À Strasbourg, à La Laiterie, mardi 25 mars avec Emily Jane White et Julianna Barwick – www.artefact.org À Dijon, à La Vapeur, mercredi 26 mars avec Alice Lewis, Dominique Young Unique et Gnucci – www.lavapeur.com À Belfort, à La Poudrière, mercredi 19 mars avec Alice Lewis & vendredi 28 mars avec Emily Wells À Metz, aux Trinitaires, samedi 29 mars avec Cults, Emily Wells et Léonie Pernet – www.lestrinitaires.com