Acteur majuscule
Pour sa treizième édition, le festival du cinéma de langue allemande Augenblick a pour invité d’honneur Devid Striesow, star du cinéma outre-Rhin.
Augenblick ressemble à un véritable bouquet cinématographique allemand, suisse et autrichien avec sa compétition (six films dont le très recommandable Western de Valeska Grisbeach), de véritables découvertes – en avant-première, le dernier long-métrage de Fatih Akin, In the Fade, pour lequel Diane Kruger a reçu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2017 – et quelques instants cultes comme la projection dans sa version restaurée de Loulou de Pabst. Mais le gros morceau cette année est une rétrospective en dix étapes consacrée à l’acteur allemand Devid Striesow que le monde entier a découvert avec Les Faussaires de Stefan Ruzowitzky (Oscar du meilleur film en langue étrangère, 2007), étonnante histoire vraie d’imprimeurs, illustrateurs et typographes juifs faisant de la fausse monnaie pour les nazis à Sachsenhausen où il joue avec brio le rôle du salaud, l’impitoyable SS commandant le camp.
Au fil de sa carrière, Devid Striesow s’est souvent livré à de grands écarts stylistiques, passant des films d’un des maîtres de la Nouvelle Vague made in Germany Hans-Christian Schmid – Au loin, les lumières, fable sociale qui l’a révélé en 2003 – aux épisodes de la série devenue culte Tatort (eh oui, y’a pas que Derrick dans la vie), où il incarne le commissaire Stellbrink. Sur les écrans alsaciens, on pourra également voir nombre d’autres films où il apparaît, dont Yella de Christian Petzold, histoire d’une femme quittant l’Est pour Hanovre, où elle travaille avec Philipp, un drôle de cadre financier. Voilà une fable contemporaine pleine de mystères et d’onirisme – avec ces acouphènes qui assaillent la jeune fille et ces décors de bureaux saisissants – et une belle réflexion sur le modèle économique occidental. De rôles de Réformateur (le récent téléfilm Katharina Luther) en serial séducteur (Drei narrant l’histoire d’un drôle de trouple), se dévoile un acteur polymorphe dont on adore Ich bin dann mal weg, la trajectoire d’un homme quittant la frénésie du monde du travail pour partir sur les Chemins de Compostelle.
> Projections en présence de Devid Striesow de Drei de Tom Tykwer (08/11, Star Saint-Exupéry, Strasbourg) et du Temps des cannibales de Johannes Naber (09/11, Bel Air, Mulhouse) > Master-class animée par Valérie Carré avec Devid Striesow au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg (10/11, 17h45). Entrée libre sur inscription : ma*********@al************.org