À vos bretelles !
En deux décennies, Le Printemps des Bretelles est devenu l’un des plus grands festivals de France consacré à l’accordéon, pas uniquement celui des bals populaires, mais de tous les genres et univers musicaux.
C’est une tradition. Avec le retour des beaux jours, le Printemps des Bretelles s’empare de la région de Strasbourg. À Illkirch-Graffenstaden, restaurants, bars, hôtels, clubs sportifs… sont à la fête, accueillant des musiciens, professionnels et amateurs, et des spectateurs nombreux, puisqu’ils étaient plus de 12 000, l’année passée. Créée à l’initiative de Jean-Louis Kircher, directeur de L’Illiade, la manifestation redonne une place de choix à un instrument hybride qui peut débarquer dans le pop-rock, le jazz, la musique classique et le plus souvent… là où nous l’attendons le moins. Au fil des années, l’événement est devenu un exigeant dénicheur de pépites – Claudio Capéo s’y produisait dans les bars avant de combler les Zéniths de France – et a su créer une véritable dynamique auprès des a cionados de l’accordéon ou des jeunes, qui se remettent à pianoter l’instrument à soufflet.
« Après vingt ans, nous nous sommes bien sûr posés la question du renouveau du festival », explique Élodie Morlaes, qui a participé à la programmation 2018 au sein de l’équipe de L’Illiade. « L’idée a été d’explorer nos archives et de reprendre la longue liste de celles et ceux que nous avions accueillis pour monter une exposition inédite. Elle proposera des photographies, des documents ou des partitions que le public ne voit jamais. L’envers du décor et l’histoire de l’instrument se dévoilent. » Parce que l’accordéon se joue partout, de l’Amérique du Sud à l’Europe de l’Est, en passant par l’Irlande ou le Maghreb, la programmation du Printemps offre un incroyable bain de jouvence multiculturel et déjoue les idées reçues. On y trouve notamment les néerlandais d’Amsterdam Klezmer Band qui brassent la tradition musicale instrumentale des Juifs ashkénazes avec le rock ou le jazz, des représentants de la nouvelle scène française avec le groupe Debout sur le zinc aux rythmes rock, tziganes et orientaux, l’intimité acoustique et poétique des Fouteurs de joie, mais aussi de la variété avec Florence Absolu. Citons également une carte blanche à l’Académie musicale de France et la présence du colombien Antonio Rivas et du dominicain Joaquin Diaz en soirée d’ouverture, avec le groupe bavarois Heimatdamisch. « Nous voulons représenter tous les styles musicaux et, pour cela, nous nous déplaçons chaque année dans de nombreux festivals, en restant curieux et en faisant parfois des paris osés sur des groupes ou des musiciens aux influences multiples », résume-t-elle.