Ô temps, suspends ton vol ! À la fugacité de la performance, Roman Signer oppose l’éternité de l’instant avec Tombé du ciel.
Imaginez un piano. Deux ventilateurs le bordent. En s’approchant, on remarque qu’il abrite sous ses cordes des balles de ping-pong. Soudain, les appareils se mettent en marche. L’air pulsé fait danser les sphères. Elles rebondissent, se percutent et s’éparpillent aux quatre coins de l’instrument, générant dans leur frénésie un récital aléatoire de musique cristalline. Pièce de résistance du parcours, Klavier (2010) présente une facette méconnue du travail de Roman Signer (né en 1938), célèbre pour son œuvre pyrotechnique. Dans la veine de l’art processuel, le Suisse travaille des matériaux pauvres du quotidien (bouteilles, meubles, parapluies…) qu’il fait s’entrechoquer ou exploser, guettant le moment où la matière se transforme. Vier FarbKorridore (Smart) (1998) capte une projection de peinture sur quatre panneaux blancs au passage d’une voiture. Agissant comme un pochoir, le véhicule laisse son empreinte comme seul témoin de sa présence furtive. À travers une sélection de photographies et de vidéos documentant ses actions, l’exposition retrace un geste artistique singulier questionnant l’économie du spectacle.
Roman Signer, Kugel mit blauer Farbe. 2012. © Roman Signer
Au Frac Franche-Comté (Besançon) jusqu’au 25 septembre
frac-franche-comte.fr
