À l’écoute de La Symphonie tombée du ciel, à Strasbourg

La Symphonie tombée du ciel © Joseph Banderet

Samuel Achache et l’orchestre La Sourde créent La Symphonie tombée du ciel, traduction d’événements vécus par des personnes de tout horizon… en musique !

Aux côtés des musiciens et co-directeurs artistiques Florent Hubert, Antonin-Tri Hoang et Eve Risser, Samuel Achache convie un petit orchestre – viole de gambe, violoncelle, trompette, flûte, piano, contrebasse, saxophone, etc. – pour donner vie à des histoires d’inconnus, témoins de prodiges ou de phénomènes inattendus. Parmi les 16 interprètes présents au plateau, « beaucoup viennent du jazz, de la musique improvisée, du baroque et du classique. Toutefois, l’idée est qu’ils puissent passer d’un style à l’autre », explique-t-il. Souhaitant travailler à partir de récits intimes depuis leur premier spectacle, en 2021, mais ignorant quel processus adopter, la question de traiter du miracle est arrivée un peu par hasard, à force de discussions. « À chaque fois que l’on imaginait quelque chose, Antonin m’a fait remarquer que je répétais souvent ‘‘Et là, il y a un miracle’’ », continue-t-il. « Mais au fond, qu’est-ce que c’est ? Rapidement, on a voulu se pencher sur ce que les gens peuvent considérer comme tel dans leur existence. » Après être partie à la rencontre de prêtres, évêques, simples passants, personnes âgées placées en EHPAD ou encore détenus et écoliers lors d’ateliers scolaires, l’équipe réunit des confessions enregistrées profondément hétérogènes. Ensuite, il a fallu procéder à un choix.

« Le spectacle, à la croisée d’une pièce de théâtre et d’un concert, se structure principalement autour de deux récits. Pour le premier, nous sommes allés en Italie, à Naples, rencontrer un homme qui avait pris part au pèlerinage des Femminielli », développe Samuel Achache. À l’origine, il s’agit d’une communauté ancestrale dans laquelle les hommes se travestissent en femmes. Il participait simplement à la procession, afin de demander grâce pour son père malade. Si le miracle attendu n’a pas eu lieu, une autre chose, tout aussi merveilleuse, s’est produite… L’étape suivante est d’écrire la musique à partir de la voix : « On passe d’abord par une transcription, dans le but de décrire les notes et la mélodie d’un timbre. Après, en fonction de la façon de parler de la personne, on voit quels motifs rythmiques se dégagent, qu’est-ce qu’ils évoquent. Par exemple, pour le pèlerin, nous racontons son ascension jusqu’à l’église en utilisant uniquement des cordes, avant de convoquer un chœur de voix d’instrumentistes. » Sur scène, une vingtaine d’enceintes retransmettent, en direct, les enregistrements vocaux sélectionnés. Accompagnés par les compositions de l’orchestre, l’ensemble se présente au public, comme la chanson d’un artiste… sauf que le texte, brut et bouleversant, est entièrement parlé.


Au Théâtre national de Strasbourg du 13 au 20 décembre 2024

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