Rock(ing chair)

Photo de Charles Fréger

« Après l’œuf, j’étais poussin », chante Catherine Ringer qui vit bien sa nouvelle vie de Senior. Elle fait un stop à La Laiterie pour présenter un dernier album plein de Chroniques et fantaisies.

Au milieu des eighties, Rita Mitsouko détonne, créant un No comprendo général tout en cartonnant. L’immense succès de l’auto-défini « complexe » Marcia Baïla est encore aujourd’hui considéré comme un accident dans le paysage musical français, une anomalie dans le Top 50. Beaucoup évoquent un souffle nouveau à propos d’un groupe un peu provoc’ mêlant chanson et rock, musique latino et poses théâtralo-chorégraphiques, collaborant avec les dandys moustachus de Sparks ou le producteur de Bowie, Toni Vinsconti. Si Godard filme le duo dans Soigne ta droite (1987) – pour l’extrême fierté des Rita –, comme il l’a fait avec les Stones avec (One + One, 1968), c’est que le cinéaste apprécie l’originalité du groupe et perçoit la parfaite alchimie entre Fred Chichin et Catherine Ringer qui se souvient : « Nos racines et influences étaient hétéroclites, allant de la comptine enfantine au funk, en passant par le rock, le blues ou Brassens. Tout ceci était mélangé à notre jeu de cartes musical ! On mangeait à tous les râteliers pour faire de la pop internationale avec un “parfum” français. » Avec Chroniques et fantaisies, la reine Catherine semble renouer avec le “son Rita”.

Photo de Charles Fréger

Si le « Hey », qui ouvre l’album, n’est un clin d’œil (conscient !) à Andy comme nous l’imaginions, nous retrouvons des gimmicks propres au duo et cette propension à traiter de sujets sombres de manière légère. Ainsi, Rock de nuit  évoque L’Aigle noir de Barbara autant que Le Petit train (sur l’album Marc & Robert, 1988) et ce décalage entre l’air enjoué et le thème abordé (les trains de la mort). Avec ces nouvelles chroniques fantaisistes, l’artiste complète à la fois parolière, poly-musicienne et mélodiste danse le tango et le disco, la java et la salsa, tout en chantant ses blessures, l’asphyxie ambiante et la Tristessa. La pochette est signée Charles Fréger, photographe qui s’intéresse à l’homme sauvage. Indomptable, Catherine Ringer, un tantinet soupe au lait au moment où nous l’interrogeons (en pleins préparatifs pour sa tournée qui démarre) ? « Personne n’essaye de me dresser à coups de fouet ! » Une Senior épanouie (« Le jeu avance, mais senior, j’adore ! »), dont l’imagination n’est pas en rade et que nous ne sommes pas prêts de mettre en Ehpad.

  Aux Docks (Lausanne), samedi 02 décembre

docks.ch

À La Laiterie (Strasbourg), mardi 19 décembre

artefact.org

 

 

 

 

 

 

 

Chroniques et fantaisies, édité par Because

because.tv 

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