pimp my ride
Pour cette nouvelle édition de Sélest’art, la biennale d’art contemporain convie le travail de Benedetto Bufalino, jeune artiste qui tourne au super.
L’an passé, au hasard d’un Voyage à Nantes (nom de l’exposition qui envahissait la ville), nous nous sommes retrouvés face à une antiquité, un objet d’un autre temps… Pourtant pas si lointain : une cabine téléphonique. Transformée en aquarium, avec plantes aquatiques et poissons exotiques, elle semblait souligner son caractère obsolète, hurler “le portable m’a tuer” tout en s’imaginant une seconde vie, au service de nos amis marins. Benedetto Bufalino a également inventé d’autres possibles pour les bonnes vieilles cabines injustement oubliées – Phare urbain ou véhicule à roulettes –, des destinées absurdes, pleines d’humour et de malice. Tout comme son Camion bétonnière boule à facettes (installé à Metz en 2017) permettant de métamorphoser les mornes chantiers interdits au public en dance floor disco chic. Le plasticien ne se refuse rien, inventant une Voiture de police poulailler ou une Maison roulante. Il “like le réel” et crée la surprise avec des œuvres ovniesques placées dans les villes.
Pour sa 22e édition, Sélest’art a eu la bonne idée de lui confier carte blanche. Benedetto Bufalino a parsemé la cité de ses drôles d’objets artistico-détournés dans le cadre d’« un projet ambitieux et marquant » dont les Sélestadiens se souviendront longtemps. Ceux-ci, comme tous les visiteurs de la biennale open air, se rappelleront sans aucun doute longtemps du terrain de tennis – pas très réglo – installé sur le toit d’un camion… qui a hélas repris la route. Les aléas de la création d’œuvres nomades ! Heureusement, la Voiture lampadaire est toujours en place : une bagnole placée sur un mât, à 4,70 mètres du sol, roues au ciel, phares et feux allumés dès le soir arrivé, faisant office de réverbère au parc des Remparts. Le plasticien se rêve au volant de l’automobile renversée, comme « conduisant la planète ». Au square Ehm est garée une immense et immaculée Limousine, traduction bling-bling et XXL du banc public. D’une longueur de plus 16 mètres, elle peut accueillir une cinquantaine de personnes, sans compter l’habitacle où, même les jours de pluie, on peut s’installer « pour manger son jambon-beurre ou envoyer ses textos », s’amuse Sophie Fonteneau, coordinatrice de l’événement. L’artiste évoque en effet une « limousine démocratique, pour les riches comme les plus pauvres », en plein centre-ville.