Pour Calixto Bieito, il s’agit de « l’Histoire de l’Homme ». Le metteur en scène s’est intéressé à la thématique de la colère dans cette Oresteia martiale et minimaliste, toute en tensions intérieures : « Comment peut-on la contrôler ? Est-ce possible ? Est-ce même nécessaire ? Je ne sais pas si nous pouvons montrer cela sur scène, mais tout est là : éthique, politique, relations familiales, meurtre. » Voilà résumé en quelques mots ce sommet du théâtre musical signé Iannis Xenakis qui s’était emparé de l’œuvre d’Eschyle, mêlant grec ancien et allemand, pour restituer de manière ultra compacte la tragédie des Atrides faite de vengeances, de destin implacable écrabouillant tous les protagonistes et de massacres sanglants. Rassemblées, la pièce sixties éponyme (pour chœur d’enfants, chœur mixte et douze musiciens), Kassandra (1987) pour baryton et percussion et La Déesse Athéna (1992) pour baryton et ensemble, forment une Oresteia rythmique dans laquelle la musique oscille entre stridence et transe, où le texte et le plateau sont martelés avec force, évoquant la scansion grecque pour une pièce aux résonances antiques… plus contemporaine que jamais dans son propos. (H.L.)
© Sandra Then