Un printemps arabe
Créé au Festival d’Aix-en-Provence l’été dernier, Kalîla wa Dimna est un opéra de chambre faisant se rencontrer les langues – arabe pour le chant et français pour les parties parlées – et les cultures autour d’une thématique universelle. Le compositeur et chanteur palestinien Moneim Adwan (qu’on retrouve sur scène) a adapté un épisode tiré d’un recueil de fables animalières narrant l’histoire de deux chacals vivant à la cour du roi lion : d’origine indienne, ce conte est un vadémécum destiné aux sages et aux princes dont La Fontaine s’inspira et qui n’est pas sans rappeler Machiavel. Sur une musique entraînant l’auditeur des deux côtés de la Méditerranée avec violon, violoncelle, clarinette, percussions orientales ou encore qanûn – une sorte de cithare –, se déploie une mise en scène sobre et épurée, presque minimaliste signée Olivier Letellier. Dans un décor fait de blocs rappelant un jeu de construction, il décrit un pouvoir manipulant le langage, affirmant : « Avec des mots, on peut faire à la fois le bien et le mal. On peut, comme Kalîla, choisir de raconter et de partager une histoire pour mettre en garde. On peut, comme le fait Dimna, utiliser les mots à des fins personnelles. » (H.L.)