Comme des bêtes
Fakear a quitté la ville pour la campagne suisse et livre Animal, album sauvage ouvert aux quatre vents. Entretien avec la tête d’affiche de L’Ososphère.
Comment s’exprime votre part animale ?
Sur scène. Je suis fan de rock au départ et essaye de retranscrire cette énergie devant le public, de l’entrainer dans la transe. C’est plus difficile d’exprimer ma part animale dans mon studio… même si mes morceaux sont très intuitifs, peu intellectualisés. Il y a un côté naïf, coloré, solaire chez moi. Enfantin.
D’où viennent tous les sons qui habitent vos morceaux ? Vous les collectez lors de voyages ?
Non, je les pioche dans des disques de world ou sur YouTube. Par contre, mes titres invitent au voyage : ils demandent à l’auditeur de laisser son confort derrière lui pour partir à l’aventure, dans une Asie ou une Afrique imaginaires. Je reviens d’un long voyage de quatre mois en Extrême-Orient, mais mes titres sont plutôt des visions fantasmées de coins du monde. J’aime créer des ambiances, décrire des paysages abstraits, des lieux de calme. Je n’ai pas du tout la culture club et si je fais des morceaux rythmés, c’est davantage dans le but de les mettre en transe que de les faire danser. Si ils dansent, c’est du bonus.
Vous sentez-vous rat des villes ou rat des champs ?
Des champs : je sature vite de la ville et son agitation.
Dans le clip La Lune rousse, la protagoniste fait comme vous : elle fuit le bitume pour le grand large…
Cette vidéo a été tournée avant que je décide de partir à mon tour. J’ai quitté Paris pour la campagne suisse, à Yverdon-les-Bains, et ça me va très bien ! La rencontre avec ma copine a été le déclic. C’est ma muse, l’inspiration principale de tout ce que je fais. Sans elle, Animal ne serait pas l’album qu’il est !
Vous fuyez la ville et son chahut mais tournez sans cesse dans des salles combles, des blocs de béton…
Oui et c’est très bien ainsi, car vivre en Suisse me permet de faire des coupures. Je savoure le fait d’être en tournée et de me glisser dans la peau de Fakear !
Pourquoi avoir choisi un pseudo alors que Théo Le Vigoureux, votre vrai nom, aurait été parfait ?
[Rires] C’est un peu trop chevaleresque, un peu trop Game of Thrones ! Fakear vient de l’époque où Superpoze* et moi avons commencé à nous intéresser à la scène hip-hop et aux beatmakers.
Sous Fakear, avez-vous essayé de marcher sur des braises ?
On m’a montré comment faire : c’est pas si sorcier, mais je ne préfère pas tenter l’expérience…
Comment avez-vous écrit Animal ?
Je l’ai composé comme un paysage avec de multiples éléments. Les émotions changent et s’équilibrent. Est-ce que l’on y ressent mon passé de rocker ? Oui, ça se retrouve dans la structure couplets / refrain et dans la voix, prédominante. Pour mes lives, je suis accompagné d’un groupe avec un clavier, une batterie, une basse et une harpe. Les voix, elles, viennent des machines.
Après Végétal et Animal, il y aura quoi, Métal ?
J’ai suffisamment de titres dans mes tiroirs pour faire un EP qui pourrait se nommer Minéral ou Astral !
> Et aussi, samedi 26 août dans la cadre du festival Rock en Seine (25-27/08, à Paris, avec The xx, PJ Harvey, Cypress Hill, Mac DeMarco…) > Album Animal, édité par Mercury * En concert (et en masterclass), jeudi 6 avril à L’Autre Canal (Nancy)
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