Cousu main

Julie Canadas et ses marionnettes de tissu nous racontent Cœur cousu (dès 8 ans) un conte de Carole Martinez où toute une génération de femmes au cœur bien accroché fait face à leur destinée.

Qu’est-ce qui vous a touchée dans l’écriture de Carole Martinez ?

J’ai de suite été conquise par sa plume poétique et enivrante. Elle nous plonge dans l’univers du surréalisme magique de l’Amérique latine. À la simple lecture du livre, je suis parvenue à sentir l’odeur des terres brûlées, à savourer le goût des olives et à imaginer les paysages. Étant moi-même petite fille d’immigrés espagnols, je suis très sensible à la saveur qu’elle nous transmet dans ses descriptions.

D’une formation de comédienne, vous décidez de vous lancer dans la manipulation d’objets avec ce spectacle…

Lorsque j’ai découvert le travail d’Alexandra Basquin, créatrice de marionnettes textile, cela s’est imposé à moi naturellement et je lui ai proposé de fabriquer et de concevoir celles de Cœur cousu. C’est un art très technique, l’engagement du corps n’est pas le même qu’en tant que comédien. Là, il est à bout de doigts, comme si la marionnette devenait une extension de lui-même. Cœur cousu se devait d’être un spectacle d’objets. Immergé dans cette pièce magique et réaliste à la fois, les marionnettes nous transportent vers l’impossible, comme s’envoler en plein état de transe…

En quoi la transmission et l’héritage sont-ils fondamentaux dans cette pièce ?

Effectivement, il en est question dans toute cette histoire. Une boîte mystérieuse passe de mère en fille le jour où elles “deviennent des femmes”. Frasquita se la voit remise et doit patienter neuf mois avant de l’ouvrir. Le récit de ces femmes unies pour le meilleur et pour le pire pourrait être notre destinée à nous tous. Comment transmettre mais aussi comment transformer ce que l’on nous a transmis ? Comment peut-on métamorphoser un fardeau familial en un véritable don ?

La couture est le fil rouge du destin de ces femmes…

“Filer”, “faire des points” : dans tout le roman, le champ lexical de la couture est exploité et fait écho à la vie. Frasquita recoudra par exemple l’âme d’un homme… L’histoire se déroule dans l’atelier de couture de sa mère, et la scénographie s’en inspire : tous les objets fabriqués et utilisés y sont reliés. Et bien sûr, les marionnettes sont brodées par les précieuses mains d’Alexandra Basquin.

 

Par Fiona Bellime

Photo de Gauthier Havet

 

À l’Espace Culturel Saint-Grégoire (Munster), mardi 10 janvier

Au Relais culturel Pierre Schielé (Thann), le jeudi 12 janvier

Au Préo (Oberhausbergen), samedi 14 janvier

Aux Tanzmatten (Sélestat), dimanche 15 et lundi 16 janvier

Au Brassin (Schiltigheim), mercredi 18 janvier

À l’Espace Rhénan (Kembs), vendredi 20 janvier

À La Nef (Wissembourg), mardi 24 janvier

À La MAC (Bischwiller), jeudi 26 janvier

www.culture-alsace.org

 

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