La Disparition
À 32 ans, Jean-Baptiste Defrance égrène ses souvenirs picturaux. D’après Mémoire est une plongée abstraite dans l’intime.
Des fragments dérisoires du quotidien : bonnet, paire de chaussures, plantes séchées, lunettes de soleil, pot en métal… Jean-Baptiste Defrance peint « d’après objet ». Son art ressemble à une catharsis. La charge affective des choses – qui lui sont toutes étroitement liées – se dissout dans les strates de pigments et les coulures (rappelant les œuvres de Marc Desgrandchamps) de compositions abstraites. « C’est une mise à distance, une sublimation », explique-t-il. En regardant ses “tableaux autobiographiques”, les objets, n’apparaissent cependant qu’à titre de traces, vestiges figuratifs abîmés, comme si l’huile avait gardé leur seule mémoire par un étrange phénomène de persistance rétinienne. Effacement des formes par recouvrements successifs… Les souvenirs se ramassent à la pelle, se réécrivent et s’autonomisent dans le regard du visiteur happé par des plages chromatiques où s’épanouit une palette richterienne de gris. Parfois y éclate une tache sourde d’un vert indistinct ou d’un rouge mortifère.