Captives du désert
Les trois sœurs d’A-Wa chaussent leurs plus belles baskets, quittent Israël et ses paysages désertiques qui les habitent et viennent à nous avec leurs chansons traditionnelles électrisées. Oh que oui !
SKIP&DIE, groupe de zoulous blancs s’aventurant dans les épaisses jungles électroïdes d’Afrique du Sud. Les jumelles d’Ibeyi mixant beats hip-hop et sonorités afro-cubaines. Le franco-libanais Bachar Mar-Khalifé, fils de oudiste allant sur les traces de son père tout en construisant des ponts d’une grande contemporanéité entre Occident et Moyen-Orient. Le duo parisien Acid Arab qui a récemment convié des artistes tels que Rachid Taha ou A-Wa à poser leurs voix sur son “electrorientale” euphorisante. La world est en fusion, le monde en ébullition. Les basses lourdes fissurent les frontières qui s’écroulent et A-Wa (qui a partagé l’affiche de festivals avec Bachar ou Ibeyi) participe au mouvement, faisant dialoguer les cultures grâce à des morceaux qui font grimper le baromètre.
Inutile d’avoir le nez creux et l’oreille fine : une seule écoute (notamment d’Habib Galbi) d’A-Wa nous a suffi pour savoir que ces trois filles allaient exploser, tôt ou tard. Véritable bouffée d’air frais, leurs compos arrivent à point nommé dans un monde à feu et à sang. Leur réponse à la sinistrose ambiante ? La danse. A-Wa est une fête, une libération, un exutoire. La musique du trio se danse en jogging bleu à bandes ou en tenue traditionnelle yéménite fuchsia. Baskets blanches aux pieds ou bijoux bling-bling autour du cou. Voile léger posé sur la tête ou casquette US vissée sur le crâne.
Tair, Liron et Tagel viennent de Shaharuth, bled du sud montagneux d’Israël. Bercées par la musique traditionnelle du Yémen – grâce à leurs grands-parents, originaires du pays – et la pop des sixties, les sœurs chantent à trois voix tandis que résonnent bouzoukis, synthés et tambourins. Le désert est leur scène. Le monde, leur horizon. Sous A-Wa (“oui” en arabe), elles sont repérées par Tomer Yosef du groupe américano-israélien Balkan Beat Box qui les épaule et les lance. Le tube viral Habib Galbi fait le reste. Tout comme un premier album du même nom, entremêlant folk yéménite, youyous de joie, rythmiques boostantes et clavier “façon Bontempi” joliment désuet. Harmonies charmeuses, beat electro et pop ensoleillée qui sent bon le sable chaud. Effluves de narguilé et sons secs qui fouettent l’air. Un grand oui !
www.elysee-montmartre.com Au Pré’O (Oberhausbergen), vendredi 9 décembre www.le-preo.fr À L’Autre Canal (Nancy), samedi 10 décembre www.lautrecanalnancy.fr Album Habib Galbi, édité par Tôt ou Tard www.a-wamusic.com www.totoutard.com