À bout de souffle
Mettre Nos sens, dessus, dessous : telle est la mission de STR’OFF qui clôt son triptyque avec une édition nommée À bout de sens. La fin d’un cycle, mais pas de cette manifestation dédiée à l’Art d’aujourd’hui.
STR’OFF n’est ni une excroissance, ni un contre-pied à ST-ART, foire strasbourgeoise d’Art contemporain XL (lire page 50). Depuis le début, Viviane Réziciner, présidente de l’association organisatrice EuropARTvision, cherche à créer des ponts avec ce salon : elle tend la main à un événement avec lequel elle désirerait tisser des liens forts, notamment en conviant les galeristes présents à ST-ART à une rencontre avec les artistes de son “Off” non-officiel. « J’aimerais qu’ils viennent piocher dans notre vivier, par exemple lors d’un petit-déjeuner que nous désirons organiser cette année. » Viviane rêve d’une collaboration solide avec ST-ART et d’une cité entièrement irriguée par l’Art contemporain durant un temps fort populaire et pointu à la fois, mêlant propositions hétéroclites et interactives… mais attend le bilan de sa troisième STR’OFF avant de prendre une décision : passer à la vitesse supérieure ou appuyer sur la pédale de frein et sauter l’édition de 2017 pour souffler, réfléchir à l’avenir. Incertain. Pour l’instant, Viviane peaufine le dernier chapitre du triptyque sur le(s) sens où il sera beaucoup question de l’homme, en perpétuel quête (de sens).
C’est dans un boucan que les organisateurs n’espèrent pas trop infernal que les visiteurs seront chahutés par les pantins animés de Daniel Depoutot, invité d’honneur. Mouvements d’automates, bruits métalliques et personnages conçus à partir de matériaux de récup’ se mêlent dans un joyeux bazar… Le vaste espace, à la déco brute, consacré au plasticien strasbourgeois donne le ton d’une manifestation marquée par l’omniprésence de la figure humaine, au centre des préoccupations de la cinquantaine d’artistes (dont une trentaine de la région) de sept nationalités réunies. Mylène Lipp-de Moya utilise des chutes de tissus pour la réalisation de tableaux constitués de petites poupées “mange-chagrin”, figurines originaires du Guatemala ayant la faculté de chasser les idées noires. Des œuvres patchworks et bienfaisantes aux pouvoirs magiques… Le tandem Solène Dumas (céramiste) et Sybilla Weran (photographe) travaille quant à lui sur le nombril, « lien pluriel, lien avec notre mère, lien avec nos contemporains pour nous rappeler que nous provenons de la même matrice ». Héloïse Maillet et Inès Waris, du duo HMIW, proposent elles aussi un projet sur le corps (féminin), avec une œuvre tétonnante : des seins qu’elles déclinent sous formes de sculptures aux formes généreuses… que l’on a envie de caresser et qui troublent nos sens.
www.europartvision.eu >Vernissage vendredi 25 novembre (18h, sur invitation)